Les trois hommes ont été arrêtés au Pakistan avec un autre homme considéré comme un cadre d’Al-Qaïda en 2012. Accusés d’avoir voulu rejoindre le jihad, ils ont comparu hier à Paris.
C’était dans la province du Baloutchistan que Mehdi Hammami, 27 ans, Grégory Boudrioua, 30 ans, et Mohamed el Hafiani, 31 ans ont été interpellés fin mai 2012, raconte Libération aujourd’hui. Détenus dans le plus grand secret dans ce pays, ils ont été transférés en France en avril 2013 et ont été mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes » et placés en détention provisoire.
Ils circulaient à bord d’un pickup en compagnie d’un autre français, Naamen Meziche, né en 1970 à Paris et connu des services de sécurité occidentaux qui le considèrent comme un cadre historique d’Al-Qaïda. Meziche a été expulsé du Pakistan en octobre 2013 et est depuis détenu à Paris.
Les trois jihadistes présumés sont originaires d’Orléans et affirment avoir voulu se rendre à Lahore, au Pakistan, pour étudier le tabligh, un enseignement musulman fondé sur la prédication.
Hammami dit avoir trouvé un « chemin spirituel » alors qu’il était dans l’armée entre 2005 et 2010. Il avait un temps refusé de servir en Afghanistan, avant d’être dispensé pour « raisons médicales ».
Boudrioua, un ami d’adolescence, s’est quant à lui converti à l’Islam au cours de ses études à l’université. Les deux ont rencontré El Hafiani quelques jours avant leur départ.
Sans informer leurs proches, ils quittent la France fin 2012 en voiture, direction la Turquie où ils laissent leur véhicule pour passer en Iran.
Les trois hommes sont pères de famille et affirment avoir eu des « problèmes de couple ». A Zahedan, tout près des frontières afghane et pakistanaise, ils expliquent avoir été hébergés dans une maison, où ils sont restés jusqu’à l’expiration de leur visas, quatre mois plus tard.
Ils traversent ensuite la frontière, aidés par des passeurs, et changent de véhicule au Pakistan. C’est dans ce véhicule qu’ils affirment avoir vu pour la première fois Meziche, juste avant leur interpellation.
Tous affirment avoir ignoré que Zahedan est un centre de transit connu pour le jihad, puisqu’ils expliquent avoir eu comme seules références « Le Routard » ou « Le Petit Futé ».
Mais au cours de sa garde à vue, El Hafiani a dit à plusieurs reprises que l’objectif était de « gagner l’Afghanistan pour faire le jihad » et qu’il pensait que la maison de transit à Zahedan était liée à Al-Qaïda.
Il assure aujourd’hui avoir « signé les PV sans les lire » et que les policiers ont falsifié ses propos devant le devant le tribunal correctionnel. « Si j’avais pensé que c’était Al-Qaïda, je serais pas resté », assure El Hammami. « Jamais je n’ai pensé que c’était Al-Qaïda », ajoute Boudrioua.