Valérie Boyer, la députée UMP instigatrice de la proposition de loi sur le génocide arménien, a annoncé son intention de porter plainte pour « menaces de mort et de viol » dont elle aurait été victime, sans parler du piratage de son site internet par des hackers pro-Turquie.
Depuis l’adoption de la proposition de loi sur le génocide arménien, l’élue Valérie Boyer, à l’origine du texte, aurait reçu des « menaces de mort, de viol, de destruction, des injures et des insultes ». Outre ces menaces, son site internet a également été victime de piratage par des hackers pro-Turquie. Intervenue sur BFMTV dimanche, cette parlementaire a annoncé sa détermination à porter plainte.
« Je trouve ça très choquant », a-t-elle riposté hier en précisant que ses parents et ses enfants avaient été également visés. « Il n’est pas possible de se laisser insulter en tant que personne mais aussi par rapport à ses fonctions, donc je me dois de déposer plainte, ce que je ferai », devait-elle insister.
Par ailleurs, son site
www.valerie-boyer.fr a renvoyé automatiquement dimanche à un écran noir sur lequel était affiché le drapeau de la Turquie avec un message anonyme en deux langues, en turc et en anglais. Les auteurs s’en prenaient dans ce message au gouvernement français et à la communauté arménienne de France : «
vous, la diaspora arménienne, êtes de tels lâches que vous n’avez pas le cran d’ouvrir les archives arméniennes et de faire face à la vérité ». Eux de rajouter : «
vous, les Français, êtes tellement pitoyables et pathétiques que vous méprisez les vérités pour des voix », faisant référence aux prochaines élections présidentielle et législatives françaises.
Rappelons que l’adoption de cette proposition de loi, jeudi 22 décembre, au niveau de l’Assemblée nationale, a provoqué de réelles tensions diplomatiques entre la France et la Turquie. Dès l’annonce du vote, Ankara a aussitôt rappelé son ambassadeur en poste à Paris. Les échanges commerciaux qui s’opèrent entre les deux pays s’en trouvent également menacés.
Au lendemain du vote, le chef du gouvernement turc avait d’ailleurs déclaré que « ce vote qui a eu lieu en France, une France où vivent environ cinq millions de musulmans, a clairement montré à quel point le racisme, la discrimination et l’islamophobie ont atteint des dimensions dangereuses en France et en Europe ».
Hier dimanche, dans un entretien accordé au Monde, le vice-premier ministre turc, Ali Babacan a encore insisté que le président Nicolas Sarkozy aurait promis au président turc, Abdullah Gul et au premier ministre Recep Tayyip Erdogan, que le Parlement français ne voterait pas une loi sanctionnant la négation du génocide arménien. « J’ai entendu personnellement cette promesse au cours des rencontres que nous avons eues. Que s’est-il passé la semaine dernière ? Où est passée la promesse ? », a-t-il lancé en soulignant que tenir « une promesse est très important en politique. Lorsqu’une promesse est faite par un homme d’Etat, elle lie l’Etat et le pays ».
De son côté, le ministre français des affaires étrangères, Alain Juppé, a essayé de temporiser les tensions lorsqu’il déclare à la presse : « Je pense que cette initiative n’était pas opportune, mais le Parlement a voté. (...) Essayons maintenant de reprendre des relations apaisées. Ce sera difficile, j’en ai conscience, mais le temps fera son œuvre ». « Il y a beaucoup de raisons de maintenir entre la France et la Turquie des relations de confiance et même d’amitié, j’ose le mot (...) donc j’appelle à nouveau au sang-froid et à la retenue », a-t-il conclu.