Ce mercredi 20 avril, SOS Racisme a annoncé avoir saisi la Cour de justice à la suite des propos tenus par le ministre de l’Intérieur - Claude Guéant - sur le nombre grandissant des musulmans en France.
Claude Guéant est ainsi accusé de xénophobie et d’incitation à la discrimination raciale. Les propos incriminés datent du 4 avril quand le ministre s’exprimait à propos du débat sur la laïcité lors de son déplacement en Loire-Atlantique. "En 1905, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd’hui il y en a entre 5 et 6 millions. L’accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème.", avait-il déclaré, provoquant un tollé chez SOS Racisme. "Ce ne sont pas un simple dérapage", mais un discours récurrent fondé pour l’essentiel sur la xénophobie et la discrimination.", avait alors dénoncé l’association, brandissant la menace de poursuite contre Claude Guéant.
Dans sa déposition, SOS Racisme pointe aussi des propos tenus par le patron de l’Intérieur au journal Le Monde le 15 mars dernier, selon lesquels "les Français ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux du fait des flux migratoires non maîtrisés (…) Ils ne sont pas xénophobes. Ils veulent que la France reste la France", avait-il lâché.
La liste des récriminations visant Claude Guéant est loin d’être exhaustive. Il est également pointé du doigt pour avoir qualifié de " croisade " l’intervention militaire en Libye. Le 21 mars, M. Guéant avait déclaré un journaliste du Figaro que " Nicolas Sarkozy avait eu raison de prendre la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations Unies et puis la Ligue arabe et l’Union africaine ".
"Ces propos sont d’une extrême gravité, en contradiction totale avec les valeurs de la République, valeurs qu’un ministre se doit de promouvoir et non de contribuer à affaiblir", fustige Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
Selon l’agence Reuters, d’autres associations de défense des droits de l’Homme comptent aujourd’hui emboîter le pas de SOS Racisme, en l’occurrence, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), l’association "SOS Soutien ô sans papiers" et un élu local, dont l’identité n’a pas été dévoilée.
Depuis sa nomination en février, Claude Guéant alimente la rubrique polémique de la presse nationale en raison de ses multiples dérapages verbaux. La gauche l’accuse de reprendre systématiquement les thématiques du Front national (FN). Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, va jusqu’à le surnommer "ministre du FN". Tandis que Marine Le Pen s’est offert le plaisir d’ironiser que " Claude Guéant méritait d’être fait président d’honneur du FN ".