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Le récent déplacement du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot à Alger a marqué une reprise du dialogue entre les deux pays.
Le ministre de l’Intérieur observe la relance des discussions avec une "vigilance" affirmée.
Le représentant du Quai d’Orsay était en visite en Algérie. À la suite de ce séjour diplomatique, Bruno Retailleau a affiché sa méfiance. Interrogé mardi 8 avril 2025 sur France 2, il a annoncé vouloir "juger sur pièce" l’évolution des engagements pris par l’Algérie. En particulier, il exige la libération de l’écrivain Boualem Sansal, âgé de 80 ans et gravement malade. Le locataire de Beauvau souhaite aussi le renvoi de ressortissants algériens jugés dangereux. À ce jour, aucune garantie concrète n’a été obtenue.
Le climat diplomatique entre Paris et Alger s’est fortement détérioré après l’attentat survenu à Mulhouse le 22 février 2025. L’auteur, un ressortissant algérien, avait vu son retour refusé dix fois par les autorités de son pays en seulement quatorze mois. Ce blocage avait poussé Bruno Retailleau à adopter une posture plus ferme. Il a souhaité mettre en place "un rapport de force" avec l’Algérie. Dans la foulée, François Bayrou avait prôné une "riposte graduée". Une liste de 58 individus à expulser en priorité avait été transmise à Alger. Cette proposition a reçu un refus cinglant.
Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont eu un échange téléphonique le 31 mars 2025 dernier afin de renouer les discussions. Malgré cette reprise de contact, le premier flic de France reste prudent : "Il est fondamental de n’être pas naïf". Il affirme avoir assumé un "rapport de force", estimant que la France ne peut plus se contenter d’une attitude conciliante. Selon lui, les accords bilatéraux actuels favorisent excessivement l’Algérie. Selon ses dires, ils devraient être réévalués si les concertations n’aboutissent pas rapidement.
Le ministre laisse quelques semaines à la diplomatie pour porter ses fruits. Sans avancées tangibles, il envisage de tirer publiquement les conséquences de l’échec. "Si ça ne marche pas, je le dirai et il faudra riposter. Les Français ne comprendraient pas et le prendraient comme une humiliation à la fierté française", a-t-il conclu.