J.E.E/SIPA-Juin 2025
Une nouvelle affaire embarrasse le parti de Marine Le Pen. Après l’affaire des assistants parlementaires, un rapport interne du Parlement européen pointe des irrégularités financières.
Ce document, dévoilé le 27 juin dernier par plusieurs médias, dont Le Monde, affiche des pratiques controversées.
L’ancien Front National est soupçonné de "dépenses indues". Ce dossier confidentiel met en cause l’usage de fonds publics par le RN et ses partenaires du groupe Identité et Démocratie (ID). Plus de 4,3 millions d’euros auraient été dépensés de façon irrégulière entre 2019 et 2024. Le rapport de la direction des affaires financières de l’institution bruxelloise détaille les accusations. Il mentionne des défauts d’appels d’offres et des surfacturations. Des dons à des associations sont également visés. Parmi les bénéficiaires, deux sociétés françaises attirent l’attention des enquêteurs : e-Politic, agence dirigée par Frédéric Chatillon, ex-conseiller de Marine Le Pen, aurait perçu 1,7 million d’euros via un appel d’offres non conforme. L’imprimerie Unanime, liée à Sighild Blanc, épouse de Chatillon, aurait touché 1,4 million d’euros. Une marge de 260 000 euros aurait été dégagée en sous-traitant ces prestations à moindre coût.
Ces méthodes rappellent l’affaire des "kits de campagne". Dans ce dossier, Frédéric Chatillon et Sighild Blanc, proches de Marine Le Pen, avaient été condamnés. Les faits remontaient aux législatives de 2012. Frédéric Chatillon, ancien responsable du syndicat GUD (dissous en 2024), officiellement éloigné du RN, reste proche de figures du parti. Malgré un désaveu public de Marine Le Pen, ses entreprises continuent d’être liées à l’utilisation de fonds européens.
Le rapport souligne aussi des dons suspects, versés à des structures sans lien avec les missions parlementaires. Plus de 700 000 euros auraient été attribués à des associations entre 2019 et 2024. Parmi elles, des refuges pour animaux, des pompiers volontaires, mais aussi une organisation religieuse engagée contre l’avortement en Allemagne. Ces bénéficiaires sont souvent implantés dans les circonscriptions d’eurodéputés du groupe ID ou liés à leurs réseaux personnels.
L’affaire n’en est encore qu’à ses débuts. Le Parlement européen s’est refusé à tout commentaire officiel tant que le rapport n’est pas validé par ses instances. Du côté des concernés, la défense s’organise.
Philip Claeys, ex-secrétaire général du groupe ID, dénonce des accusations infondées et affirme que toutes les dépenses ont été “justifiées et contrôlées”. Marine Le Pen, interrogée sur RTL, assure ne pas connaître le dossier, tout en évoquant de possibles désaccords d’ordre administratif. Elle critique le Parlement européen, qu’elle accuse de s’acharner contre ses opposants politiques.
Ce nouvel épisode judiciaire s’ajoute à la condamnation du Rassemblement National, en mars 2025, dans l’affaire des assistants parlementaires. La formation politique devra rembourser 3,5 millions d’euros au Parlement, tandis que Marine Le Pen a été reconnue coupable de détournement de fonds publics. L’accumulation de ces affaires pourrait fragiliser durablement l’image du parti à l’approche de nouvelles échéances électorales.
Source : 20minutes