La percée du FN au 1er tour des Municipales pourrait contraindre les autres formations politiques à opter pour des alliances le 30 mars prochain. Zoom sur les enjeux du second tour.
Chaque formation politique revoit sa stratégie en vue du second tour qui se déroulera ce dimanche 30 mars. D’ici mardi soir, des alliances, voire des fusions de listes sont attendues étant donné que la loi autorise ce type de scénario notamment pour les candidats n’ayant pas obtenu les 10% requis au 1er tour mais qui disposent toutefois de plus de 5% des voix pour se rallier à ceux qui sont encore en lice.
Pour le Parti Socialiste, le mot d’ordre sera désormais « tout faire pour empêcher que le FN ne prenne des villes ». Au lendemain du 1er tour, le premier secrétaire du PS, annonce ainsi que la liste socialiste à Saint-Gilles sera retirée.
Depuis hier, plusieurs personnalités de la gauche - en l’occurrence, le premier ministre - avait appelé à un front républicain pour contrer
la montée du FN. Avec l’UMP, les choses s’annoncent plus difficiles. Ce qui n’est pas le cas avec les Verts. A en croire la Libération, une probable fusion entre liste socialiste et celle des écologistes dans certaines villes est en passe d’être conclue. Le même scénario pourrait se répéter dans les communes où le FN est en triangulaire, affirme-t-on encore.
Même si aucune information officielle n’a été publiée dans la presse nationale concernant les nouvelles dispositions que prendront les dirigeants du PS en vue du 2nd tour, il est certain qu’ils étudieront tous les moyens pouvant permettre au parti de limiter la casse au 1er tour et conserver une certaine image plus prometteuse à l’Exécutif, en très mauvaise posture après le séisme provoqué par le FN.
Pour certains observateurs, les chiffres du 1er tour pourraient donner lieu à un remaniement gouvernemental. Un parlementaire socialiste s’attend même à un duel Manuel Valls contre Laurent Fabius pour une éventuelle bataille à Matignon. Au sein du gouvernement, on se veut rassurant, bien que l’heure soit très critique, aucun « changement » ne devrait intervenir, estime Najat Vallaud-Belkacem. « Sans doute certains l’ont dit par leur vote ou par l’abstention. Est-ce que pour autant c’est une raison aujourd’hui d’annoncer un changement ? Je ne le crois pas », a-t-elle déclaré. Quoiqu’il en soit, un mauvais score du PS au 2nd tour ne fera que fragiliser le pouvoir actuel.
Pour l’UMP, l’essentiel c’est de pouvoir conserver son avance face au PS, un score général de 46.54% contre 37.74% qui marque la renaissance du parti après 2 années difficiles, selon son n°1, Jean-François Copé.
Il faut dire que les chiffres en disent long sur l’avance de la droite au 1er tour. L’UMP est le seul parti qui a réussi à faire élire plusieurs de ses candidats dès le 1er tour : « Alain Juppé (60%) et Eric Woerth (64%) dans leurs fiefs de Bordeaux et de Chantilly, Christian Jacob (73%) à Provins, François Baroin (62,5%) à Troyes, Bernard Accoyer (60,9%) à Annecy-le-Vieux », comme le résume BFMTV.
Au second tour, le président du parti n’entend faire alliance ni avec le FN car c’est un « allié objectif du PS », ni avec la formation présidentielle. Il n’y aura « pas non plus d’appels à voter pour le PS qui est allié avec l’extrême gauche, le Front de gauche », souligne Jean-François Copé sur Libération.
« Pour moi, le Front de gauche comme le Front national, c’est bien souvent le même combat. Ils ont d’ailleurs le même programme économique », rajoute-t-il, appelant même les électeurs ayant voté pour un candidat lépeniste de « se reporter sur l’UMP » lors du second tour.
En ce qui concerne le FN, la stratégie est claire : maintenir ses candidats dans la plupart des 315 villes où le parti a raflé plus de 10% des voix. La raison en est que « les électeurs du Front national votent Front national pour avoir des élus Front national », explique Marine Le Pen dans un entretien accordé au Figaro.
Parallèlement, une éventuelle fusion de listes entre FN et UMP est toujours sollicitée par le leader lépeniste. Avec, « pourquoi pas, quelqu’un qui quitterait par exemple l’UMP ? », s’interroge-t-elle.
En chiffres, le 1er tour s’est conclu pour le parti de l’extrême droite avec « 472 élus dès le premier tour, dont 102 élus communautaires. Il y aura aussi 315 seconds tours, dont 128 triangulaires et 184 quadrangulaires ».
Le 30 mars prochain, l’objectif sera de conforter cette avance afin de s’imposer en tant que 3è force en France.
Pour le FN, l’idée est aussi de pouvoir disposer d’une base solide en vue de travailler progressivement pour les échéances nationales. « Nous devons constituer un maillage territorial important…C’est un travail sur le long terme », avait expliqué dernièrement Nicolas Bay, secrétaire général adjoint du FN, se rappelle le Monde.
Mais à l’heure où les négociations s’organisent un peu partout au niveau des différentes formations, à l’issue desquelles les électeurs devraient se retrouver face à des alliances inattendues, voire de contre-nature, la question de la répartition des sièges mérite d’être posée. Les partis parviendront-ils à un accord en ce qui concerne cette problématique, notamment si un candidat obtient plus des 50% à l’issue du 2nt tour ? Dans un tel scénario, il faut se rappeler que la moitié des sièges au Conseil Municipal reviendront automatiquement à celui qui aura réussi cette prouesse. La question reste donc sensible.