Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a lancé un appel pour un "sursaut conjoint de l’Etat et de la société corse" pour briser la loi du silence.
En marge de ce déplacement, le ministre de l’Intérieur a appelé les Corses à mettre fin à la loi du silence qui règne dans l’île, théâtre de 17 meurtres depuis le début de l’année 2012. "En Corse, on connaît les commanditaires. On sait, mais on ne parle pas", déplore-t-il. "Je lance un appel pressant à la société corse, souvent désespérée, éprouvant un sentiment d’impuissance. Nous avons besoin de la mobilisation de tous les Corses", insiste-t-il.
Au lendemain de sa visite à Ajaccio, Manuel Valls s’est adressé en particulier à l’ancien dirigeant nationaliste Alain Orsoni, l’invitant à "parler". "Alain Orsoni sait sans doute des choses, alors qu’il parle", lance-t-il. "En Corse, les professionnels de l’immobilier, les notaires, les responsables des cercles de jeux se singularisent par leurs très faibles contributions en matière de déclarations et pourtant les infractions qui sont identifiées par Tracfin révèlent un lien entre ces secteurs et la criminalité organisée", ajoute le ministre ce vendredi sur RTL.
De son côté, Alain Orsoni craint pour sa vie et affirme "ne pas savoir qui arme les assassins ni qui ils sont". "Moi, quand je ne sais pas, je n’invente pas ! Je ne sais pas aujourd’hui qui arme les assassins et je ne sais pas qui sont les assassins", déclare-t-il. "Je me décris comme un homme de plus en plus en danger compte tenu de la campagne de presse infamante", ajoute le président du club de football de Ligue 1 AC Ajaccio.
Le président de la Chambre de commerce de Corse-du-Sud, Jacques Nacer, 49 ans, a été abattu par balle mercredi dans son magasin de vêtements en plein centre d’Ajaccio, un assassinat survenu un mois après
celui de l’avocat nationaliste Antoine Sollacaro, une personnalité très connue dans l’île.
En visite officielle à Berlin, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a exprimé "sa grande préoccupation" et "sa grande indignation", mais sans "faiblir un seul instant".
"Ça veut dire que la mafia est à l’oeuvre en Corse et l’argent s’est emparé de tout. Il faut absolument appliquer les mesures que le gouvernement a prises il y a quelques semaines", déclare-t-il.
"L’Etat ne recule pas, l’Etat ne capitule pas", affirme pour sa part Christiane Taubira, assurant que tout sera mis en œuvre dans l’immédiat "pour que chaque crime soit élucidé".
Manuel Valls, lui, s’est dit "choqué, scandalisé, indigné par l’étalage de cette chronique mortuaire" en Corse, où des renforts conséquents seront envoyés afin de renforcer la sécurité. Selon les résultats de l’autopsie, Jacques Nacer a été tué de trois balles, dont deux dans la tête et une au thorax. Pour l’heure, le tireur, qui a agi seul, n’a pas encore été interpellé.
Source : Le Nouvel Observateur