La prise de position de Brice Hortefeux en faveur des sept policiers jugés coupables de " dénonciation calomnieuse et faux en écriture " avive la polémique.
Le vendredi 10 décembre 2010, le tribunal de Bobigny a condamné sept policiers, âgés de 23 à 32 ans, à des prisons fermes pour avoir grossièrement menti et incriminé un automobiliste innocent. Trois d’entre eux ont été condamnés à 12 mois d’emprisonnement, un à 9 mois, un autre à 7 mois et deux à 6 mois. Cinq des sept prévenus ont vu leur condamnation inscrite sur leur cahier judiciaire. Un jugement qui sonne la fin de leur carrière au sein de la Police Nationale.
Le procureur n’a pas prononcé des condamnations assorties du sursis dans le souci de mettre en avant la gravité des faits, selon le tribunal de Bobigny. Les juges ont expliqué que leur verdict repose sur le degré de participation de chacun des prévenus aux faux en écriture publique ou aux violences aggravées.
Le 9 septembre 2010, à Aulnay-sous-Bois, en région parisienne, un policier a été renversé par une voiture au cours d’une course-poursuite. Les sept policiers présents lors des faits ont alors décidé de mentir en dressant un procès-verbal accusant le conducteur de la voiture d’avoir percuté leur collègue. L’automobiliste a ainsi fait l’objet de poursuite judiciaire. Il était soupçonné d’avoir porté atteinte à la vie d’une personnalité dépositaire de l’autorité publique. Eu égard à la gravité du crime, l’homme encourait une peine de prison à perpétuité. Mais au cours des investigations, certains policiers ont fini par avouer que leur collègue était en fait renversé par une voiture de police.
Le parquet de Bobigny a fait appel du jugement, mais ce qui n’a pas empêché les syndicats des policiers de hausser le ton. Après l’énoncé du verdict, environ deux cent policiers en uniformes se sont rassemblés devant le tribunal pour manifester leur mécontentement, et cela, toutes sirènes hurlantes.
Au lieu de blâmer les grévistes, Brice Hortefeux a publiquement exprimé son soutien. " Ce jugement peut légitimement apparaître, aux yeux des forces de sécurité, comme disproportionné ", avait-il déclaré. Une prise de position qui a aussitôt provoqué des controverses. Nombre d’observateurs accusent M. Hortefeux d’ingérence pure et simple dans les affaires judiciaires.
Dans Le Parisien, le ministre de la Justice Michel Mercier est sorti de son silence pour rappeler que " Brice Hortefeux n’est pas ministre de la Justice, mais qu’il est chargé des policiers ". Michel Mercier réfute toutes accusations de laxisme lancées à l’encontre des magistrats, " Ils effectuent leur travail avec sérieux et responsabilité " assure-t-il. Une intervention qui n’a fait aucun effet sur l’intéressé.
Samedi devant le Conseil national de l’UMP, puis dimanche dans les médias, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a continué de défendre sa position. " Le métier de policier, de gendarme, de sapeur- pompier c’est un métier où il arrive quotidiennement de risquer sa vie et je me réjouis de la décision du parquet de faire appel de ce jugement "… " Le jugement condamnant les policiers est disproportionné, ces propos je les confirme, je les revendique et je les assume ", a-t-il lancé sans détour.
La polémique est ainsi repartie de plus belle. Hier lundi, le premier ministre François Fillon a dû intervenir pour tenter de ramener son ministre à la raison. Il a déclaré à la presse que les " faits commis par les policiers étaient injustifiables".
"L’honneur de la police exige un comportement exemplaire... Le respect dû à la justice est un des fondements de l’Etat", a-t-il tenu à rappeler.
"Le travail des policiers et des gendarmes doit être suivi de jugements, et les peines prononcées doivent être exécutées", a-t-il poursuivi pour couper court aux querelles opposant les policiers aux magistrats.