Avant la rencontre à Matignon avec Edouard Philippe, une délégation de "Gilets Jaunes" a pris part à un dialogue avec François de Rugy, ministre de la Transition écologique, organisé dans les locaux du Parisien.
Alors que le mot d’ordre était jusqu’ici de ne pas répondre aux manifestants, le gouvernement s’est engagé à nouer avec le dialogue. Jeudi à 13 heures, François de Rugy a rencontré une délégation de "Gilets Jaunes".
Les discussions ont surtout tourné autour de la hausse de la taxe des carburants. "Certains politiques vous disent ’supprimons la hausse des taxes’", lance d’abord le ministre avant d’assoir la ligne menée par l’exécutif. Mais il avertit, "demain, si les prix du pétrole réaugmentent, vous aurez toujours votre problème, mais le gouvernement n’aura plus de marge de manœuvre puisqu’on aura supprimé la hausse de taxe. Donc, ce sera : "Débrouillez-vous"". Il dit ainsi comprendre que les Français veuillent payer moins de taxes mais "c’est grâce à elles qu’on peut financer de nouvelles lignes de trains par exemple".
Un des représentants évoque ensuite la difficulté pour certaines personnes à se déplacer car le "carburant est devenu un luxe". En réponse, François de Rugy reste dans l’optique que "se déplacer est un droit mais ça a un coût". Il assure que des "solutions de déplacements" sont en cours d’élaboration. Ces solutions devront être à la fois "soutenables économiquement et écologiquement, mais je ne vous dis pas qu’on les a trouvées", affirme-t-il.
"Sur le principe, je suis d’accord pour tous les gels, même la baisse", a-t-il répondu avant de nuancer "mais en France, on a des tarifs régulés". Il explique alors qu’en France, deux fois par an, les tarifs sont définis, "mais ce n’est pas moi qui décide". Le tarif dépend des coûts de production de l’électricité qui augmentent. "Les centrales nucléaires sont vieillissantes et on est obligé de faire des travaux dessus pour les faire fonctionner", a-t-il précisé. Face à la crise, le gouvernement essaiera dit-il de tout faire pour que la hausse soit "la moins haute possible". "Et, à l’avenir, on va donner la priorité aux énergies renouvelables les plus compétitives", a-t-il ajouté.
Les "Gilets Jaunes" ont également proposé à François de Rugy de geler les taxes sur le carburant en attendant de trouver des solutions pour le pouvoir d’achat. "Un seul trimestre où on n’appliquerait pas la taxe carbone, ce serait 650 millions d’euros en moins", réplique-t-il. A peu de chose près, "c’est ce que coûtera la prime à la conversion", explique le ministre. La France a donc besoin de cette somme. François de Rugy développe ensuite les mesures déjà prises par l’exécutif pour préserver les revenus des Français dont la baisse des cotisations salariales. "Ce ne sont pas des grosses sommes, mais c’est quand même un plus sur la feuille de paye", a-t-il affirmé.
Pour ne pas aggraver le déficit, "nous avons compensé cette mesure par une hausse de la CSG, ce qui malheureusement ne fait pas plaisir aux retraités". Il garantit alors que l’Etat a d’abord donné la priorité à ceux qui ont les revenus les plus modestes. "Mais je suis d’accord sur le fait qu’il faut trouver encore d’autres moyens pour améliorer le pouvoir d’achat. En isolant mieux les logements, en incitant les automobilistes à acheter des voitures qui consomment moins, c’est autant d’économies réalisées. Mais ça ne se fait pas en un jour", a-t-il déclaré.