Un juge de la Cour suprême du Mexique a proposé mercredi la libération "immédiate et absolue" de Florence Cassez, rapporte LCI. Cette ressortissante française est accusée d’avoir participé à des séquestrations et d’appartenir à un réseau de crime organisé. La justice mexicaine l’a condamnée à 60 ans de réclusion mais elle pourrait être libérée très prochainement si la Cour Suprême penche en sa faveur lors de sa décision qui sera rendue le 21 mars.
Est-ce la fin du cauchemar pour Florence Cassez ? Du moins, tout semble annoncer sa libération imminente de la prison mexicaine où elle est retenue depuis 2005 pour une affaire d’enlèvements. Mercredi, un projet de rapport déposé par un juge de la Cour suprême du Mexique a relevé certaines irrégularités dans les procédures engagées pour la condamnation de la Française.
Le juge Arturo Zaldivar rappelle notamment que les policiers qui avaient interpellé Florence Cassez en décembre 2005 "n’ont pas immédiatement contacté le consulat français". Pour ce rapporteur, il s’agit d’une " violation du droit fondamental des personnes arrêtées de nationalité étrangère à la notification, le contact et l’assistance consulaires".
Il dénonce par ailleurs une "violation du droit fondamental des détenus" à être présentés immédiatement au parquet. Ce qui ne fut pas le cas pour l’inculpée selon le magistrat car au lendemain de son arrestation, "la Française a été amenée au Ranch Las Chinitas pour participer à un montage préparé par les autorités qui l’avaient arrêtée". Il s’agissait d’une soi-disant arrestation en direct que toutes les grandes chaînes du pays avaient diffusé la matinée du 9 décembre 2005. D’ailleurs, le 18 avril 2010, le parquet mexicain avait reconnu que la police avait orchestré cette mise en scène pour faire croire à une arrestation retransmise en direct à la télé.
Il y a entre autres le fait que Florence Cassez n’avait pas eu de contact avec un avocat pendant vingt jours après son arrestation. De plus les déclarations des témoins à charge sont plus ou moins contradictoires, sans parler des manques des preuves suffisantes pour justifier une telle peine.
Le juge Arturo Zaldivar qui propose la libération de la détenue conclut dans son rapport que la violation de ces deux droits a "entaché toute la procédure et a eu une conséquence dévastatrice sur d’autres droits fondamentaux comme la présomption d’innocence et une défense adéquate".
Une décision devrait être rendue le 21 mars prochain, à l’issue d’un ultime vote des cinq juges de la Première chambre de la Haute juridiction. Si la majorité des juges se prononcent en faveur du dossier, la Française pourra être aussitôt libérée.
Selon Max Alberto Diener, sous-secrétaire d’Etat mexicain aux Affaires juridiques et aux Droits de l’Homme, "l’ordre mexicain ne peut s’opposer à l’ordre constitutionnel, ne peut s’opposer aux lois. Par conséquent, si le moment venu, les juges ou le pouvoir judiciaire, en faisant leur évaluation, considéraient que certains points portent atteinte aux droits de l’accusée, il faudra agir en conséquence".
Intervenu sur TF1 mercredi soir, l’avocat français de Florence Cassez s’est réjoui de cette avancée notoire dans le dossier. "C’est la première fois depuis sept ans que Florence a un avis favorable dans son dossier", a rappelé Me Frank Berton qui s’est dit "confiant" tout en restant "prudent".
Pour rappel, le 8 décembre 2005, Florence Cassez et son compagnon Israël Vallarta ont été arrêtés par l’Agence fédérale d’investigation (AFI) dans le sud de Mexico. La jeune femme a été condamnée par la justice mexicaine à 60 ans de réclusion pour enlèvements, délinquance organisée et port d’arme prohibée. Son ami Israël Vallarta était considéré comme le chef d’une bande criminelle qui séquestrait ses victimes dans son ranch "Las chinitas". Depuis le début de cette affaire, Florence Cassez avait clamée son innocence et avait déjà saisi Nicolas Sarkozy pour plaider à sa cause.