Le groupe socialiste de l’Assemblée nationale dirigé par l’ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant propose dans un rapport parlementaire publié mercredi 15 juin la " légalisation contrôlée du cannabis " par la création d’une véritable " filière nationale ". Le texte provoque une vive polémique et le débat sur la dépénalisation repart de plus belle.
Le groupe socialiste ambitionne de "sortir de l’hypocrisie" en autorisant la consommation et la commercialisation du cannabis ("zamal"). L’auteur du rapport, Daniel Vaillant, préconise la mise en place d’une filière d’envergure nationale chargée d’organiser et de gérer la production et la distribution de cette drogue, exactement comme ce qu’on fait avec le tabac et l’alcool. Mais son idée ne fait pas l’unanimité ni à gauche ni à droite.
Sans entrer dans le vif du sujet, François Hollande, candidat déclaré à la primaire du PS, propose d’étendre la réflexion à l’échelle de l’Europe. L’autre candidat à la primaire, Manuel Valls, lui, a formellement rejeté la proposition des députés socialistes. " L’idée de légaliser le trafic de cannabis, de l’officialiser, d’en organiser la diffusion, va à l’encontre de mes valeurs ", dit-il. Plus prudente, Martine Aubry, première secrétaire du PS, a " souhaité un grand débat ", estimant que la légalisation du cannabis " c’est un sujet trop sérieux pour que l’on prenne des positions tranchées ". Ségolène Royal, candidate également à la primaire socialiste, semble partagée entre le pour et le contre. Elle se dit favorable à la dépénalisation de l’usage du cannabis quand on aura " prouvé qu’on a mis tous les moyens pour démanteler les réseaux ". Très critique, l’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement interprète la " légalisation contrôlée " du cannabis comme un " signal désastreux ".
A droite, les réactions sont également nombreuses. Intervenu ce jeudi 16 juin sur RTL, le ministre de la Santé Xavier Bertrand considère la dépénalisation comme "une erreur totale et dangereuse pour les jeunes". D’après lui, "la société française ne veut pas de la dépénalisation du cannabis". Rappelons que les chiffres officiels font état d’environ 1,2 million de consommateurs réguliers de cannabis en France, qui est un des pays les plus répressifs d’Europe. Le ministre de l’Intérieur Claude Guéant explique la position de la France : " Si la consommation est dépénalisée, elle augmentera car son accès sera plus facile ". Parmi les pays qui ont fait le choix de la dépénalisation figurent notamment la Grande-Bretagne et le Pays-Bas.
Pour sa part, la déléguée générale adjointe de l’UMP, Valérie Rosso-Debord, qualifie l’initiative du groupe socialiste comme un " raisonnement spécieux " et " une capitulation en rase campagne face à une des problématiques majeures du siècle et de la jeunesse ". Plus hostile, le député UMP de Seine-Saint-Denis, Eric Raoult, veut lancer une pétition car selon lui, " les élites perdent la tête " alors " c’est au peuple de prendre la parole ".