Malgré la polémique, Claude Guéant persiste à dire qu’il ne regrette pas ses propos portant sur les civilisations.
Samedi 4 février lors d’un colloque organisé par le syndicat étudiant de droite UNI, Claude Guéant a déclenché une vive polémique après avoir dit : « contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de la gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas ». Avant d’ajouter : « nous devons protéger notre civilisation ».
« Celles qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique », a poursuivi le ministre.
Dimanche, le ministre de l’Intérieur qui s’est retrouvé sous les feux des critiques a déclaré qu’il assumait totalement ses propos.
« Je ne regrette pas », a affirmé Claude Guéant avant de déplorer que « certains à gauche continuent à extraire des petites phrases de leur contexte ». « Pour nous, tout ne se vaut pas. Pour la gauche, apparemment, si j’en juge par les réactions (...) tout se vaut », a-t-il ironisé.
« Cette phrase a été prononcée à l’occasion d’un discours absolument républicain dont tout l’enjeu était de condamner les civilisations qui ne respectent pas la liberté de conscience, la liberté d’expression et l’égalité entre les hommes et les femmes », a fait valoir l’entourage du ministre.
A gauche, ce nouveau dérapage a valu à Claude Guéant d’être taxé par Harlem Désir de « rabatteur des voix FN », à moins de trois mois du premier tour de la présidentielle. Le numéro 2 du PS a pointé « Une majorité en perdition électorale et morale ».
Dimanche, la socialiste Ségolène Royal a de son côté fustigé « des propos obscurantistes et dangereux ». Tandis que Najat Vallaud-Belkacem, l’une des porte-parole de François Hollande, s’est inquiétée d’une éventuelle résurgence des « thèses du différentialisme ethnique et culturel ».
« M. Guéant, qui a pratiqué une xénophobie d’Etat, vient maintenant donner des leçons à la gauche. C’est insupportable », s’est insurgé pour sa part Jean-Luc Mélenchon.
En guise de soutien à son collègue, le ministre Gérard Longuet, a estimé que « si on ne peut même pas dire cela, c’est la censure à tous les étages et à tous les moments de la réflexion ».
Le ministre de l’Economie et des Finances, François Baroin, a exprimé son indignation face à « l’exploitation » systématique des déclarations de Claude Guéant, une personnalité qu’il considère comme « un profond républicain ».
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé a quant à lui mis en garde contre « le choc des civilisations ». « Je reconnais que le mot de civilisation peut prêter à confusion », a-t-il commenté. « Je pense que sur le fond, il n’y a absolument aucun doute, Claude Guéant est un républicain », a-t-il ajouté.