Le statut de témoin assisté a été maintenu pour Christine Lagarde, convoquée devant la Cour de justice de la République mercredi pour une confrontation avec le patron d’Orange dans le cadre de l’affaire Tapie.
L’ancienne ministre de l’économie Christine Lagarde et Stéphane Richard, son ex-directeur de cabinet, aujourd’hui à la tête d’Orange, ont été convoqués devant la Cour de justice de la République (CJR) hier pour s’expliquer sur leur rôle dans l’arbitrage prononcé en 2007 en faveur de Bernard Tapie.
A l’issue des auditions qui ont duré plus de 11 heures, la patronne du FMI a déclaré à la presse que cette confrontation lui a permis de confirmer ses déclarations précédentes « dans un climat serein et courtois ».
Pour leur part, les juges en charge du dossier, ont décidé de maintenir l’ancienne locataire de Bercy en tant que témoin assisté, un statut sous lequel elle a été placée depuis mai 2013.
« Cet acte de procédure comme les autres (...) démontre que j’ai toujours agi dans l’intérêt de l’Etat et conformément à la loi », explique l’intéressé à sa sortie de la CJR.
A ce stade de l’enquête donc, Christine Lagarde échappe une deuxième fois à une mise en examen pour « escroquerie en bande organisée », une procédure qui vise par contre son second de l’époque, Bernard Tapie et 3 autres personnes, s’agissant de « l’avocat de l’homme d’affaires, Me Maurice Lantourne, un des juges arbitres, Pierre Estoup, et l’ex-patron du CDR, la structure chargée de gérer l’héritage du Crédit lyonnais, Jean-François Rocchi ». Les juges reprochent notamment à Stéphane Richard d’avoir caché à sa ministre « des éléments essentiels du dossier », rappelle Le Figaro.
Dans le litige qui opposait Bernard Tapie au Crédit lyonnais pour la revente d’Adidas, Christine Lagarde, alors ministre de l’économie, a préféré l’arbitrage à la justice de droit commun pour résoudre l’affaire. Les trois juges arbitres en charge du dossier avaient ensuite tranché en faveur de Bernard Tapie qui s’est vu verser, en 2008, 400 millions d’euros dont 45 millions d’euros au titre du préjudice moral.
Dans sa démarche, la CJR cherche à comprendre si le jugement rendu en 2008 n’est pas tout simplement « le fruit d’un simulacre avec l’aval du pouvoir », ce qui suppose un arbitrage de complaisance.
Pour sa défense, la patronne du FMI aurait affirmé durant ses auditions que son directeur de cabinet de l’époque ne l’avait pas informée « d’une réunion cruciale le 30 juillet 2007 à l’Élysée, juste avant la décision d’aller à l’arbitrage, sous l’égide de Claude Guéant, et en présence de Bernard Tapie ». Elle se dit étonnée de la présence de l’homme d’affaires à cette réunion.
« A ma connaissance, aucune instruction n’avait été donnée à mes collaborateurs. Cependant, je ne puis que constater que l’un de mes collaborateurs a parlé du contentieux Adidas avec ceux du président de la République », aurait-elle dit.