Au lendemain de sa signature, l’accord PS-EELV sur le nucléaire a provoqué une vive cacophonie entre socialistes et écologistes. Le retrait par la direction du Parti socialiste (PS) d’un passage du texte sur la filière du combustible Mox n’est pas du goût du groupe l’Europe Ecologie les Verts (EELV).
Avant sa validation mardi soir par le bureau national du PS, l’accord PS-EELV sur le nucléaire a été amputé d’un paragraphe sur la "reconversion à emploi constant" de la filière Mox. Alors que les écologistes avaient fortement critiqué le combustible Mox qu’ils soupçonnaient de contenir du plutonium hautement radioactif. Ce "retrait" a été décidé à la demande de François Hollande, selon Le Monde. Le paragraphe qui a été effacé était pourtant présent lors de la signature de l’accord entre Martine Aubry (PS) et Cécile Duflot (EELV).
La réaction du groupel’Europe Ecologie les Verts (EELV) ne s’est pas fait attendre. "On ne peut pas construire l’avenir et un pacte majoritaire avec des gens qui renient leur parole ", s’insurge le député EELV Noël Mamère, qui dénonce "la pression d’Areva et le lobby nucléaire" sur le PS.
Moins virulent, Jean-Vincent Placé estime que le texte validé entre les deux dirigeantes socialiste et écologiste "fait foi", mais "ce n’est pas non plus une Bible", et par conséquent des modifications peuvent être apportées. Le sénateur EELV dénonce lui aussi le "lobbying" nucléaire sur le PS.
Face aux critiques, le Parti socialiste réaffirme sa position. "Il nous faut bien évidemment garder la filière Mox", a laissé entendre dans les couloirs de l’Assemblée nationale, Manuel Valls, directeur de communication de François Hollande, assurant qu’"aucun groupe industriel ne dicte la position" du candidat PS. Des propos qui font allusion à une information selon laquelle le groupe nucléaire Areva est intervenu auprès du PS pour le mettre en garde contre "de conséquences graves" que provoqueraient l’arrêt du retraitement et la suppression de la filière du combustible Mox.
Soucieux d’apaiser les tensions, le porte-parole du PS, Benoît Hamon assure que l’accord PS-EELV "ne fait pas l’objet d’un désaccord" mais "d’une différence d’interprétation". Il préfère parler d’un retrait "provisoire" en attendant la poursuite des discussions entre les deux parties signataires.
Intervenu au 20h de TF1, François Hollande a réaffirmé son intention de réduire la part du nucléaire en France d’ici 2025, tout en se prononçant cependant pour le maintien du combustible Mox. "Je suis pour qu’il y ait encore du retraitement du combustible (Mox), il le faut pendant le temps nécessaire", insiste-t-il.
Evitant de s’engager dans une opposition frontale, la patronne d’EELV Cécile Duflot assure que tout va bien entre les deux partis mais il y a juste des "provocations évidentes de ceux qui cherchent à faire échouer un accord bon pour la gauche, les écologistes et le pays". "Nous avons passé un accord transparent et clair" avec le PS, souligne-t-elle.