Devant les enquêteurs, Anne Mansouret a fait des révélations étonnantes sur ses relations avec Dominique Strauss-Kahn et livré de nombreux détails sur les suites de l’agression dont sa fille, Tristane Banon, accuse l’ancien patron du FMI.
Anne Mansouret, femme influente, membre du PS, ancienne amie de Dominique Strauss-Khan, a été l’une des premières à laquelle sa fille s’est confiée en 2003. C’est elle qui a alors dissuadé sa fille de porter plainte. Ayant expliqué depuis qu’elle ne voulait pas que Tristane Banon soit pointée du doigt toute sa vie et porte l’étiquette de victime de DSK.
C’est en tous les cas la version officielle qu’elle a fourni depuis que l’affaire est revenue à la une. Mais l’on sait que les deux femmes ont eu des relations pour le moins difficiles. Tristane Banon a évoqué publiquement une enfance malheureuse, où elle a été totalement délaissée par sa mère.
Depuis qu’a éclaté le scandale de Manhattan, impliquant DSK, accusé d’avoir violé la femme de chambre, Nafissatou Diallo, Anne Mansouret a exprimé des regrets et confié qu’elle avait fait une erreur, en dissuadant sa fille de porter plainte à l’époque des faits présumés.
Le 13 juillet, Anne Mansouret s’en est expliquée devant les enquêteurs, pour la première fois, dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte après la plainte de sa fille pour tentative de viol. Son audition dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) a duré six heures, durant lesquelles elle a confirmé le récit de sa fille.
Lors de l’audition, la mère a également confié aux enquêteurs ce qu’elle n’a jamais dévoilé : elle aurait eu une relation sexuelle avec Dominique Strauss-Kahn. « Un prédateur. Prompt à établir un rapport de domination avec les femmes », c’est ainsi qu’elle a décrit l’ancien patron du FMI.
Selon elle, les faits remontent à 2000, lorsque Dominique Strauss-Kahn était conseiller spécial de l’OCDE. Dans l’un des bureaux de l’organisation, Anne Mansouret aurait eu une relation consentie avec DSK. « Un rapport unique particulièrement brutal, avec un homme qui ne cherche pas à plaire, mais à prendre, se comportant avec l’obscénité d’un soulard », décri-t-elle.
Jamais elle n’a osé en parler à sa fille, qui trois ans plus tard l’appelait « affolée » après un rendez-vous avec Dominique Strauss-Kahn où elle se serait retrouvée enfermée dans un appartement quasi-vide. A l’époque, les deux femmes consultent différents avocats et personnalités politiques qui leur déconseillent de déposer plainte. Anne Mansouret raconte notamment qu’elle a appelé Brigitte Guillemette, ex-femme de DSK, qui lui conseille d’aller s’expliquer directement avec lui.
Au cours de l’audition, elle confie aussi avoir été en contact avec François Hollande. Le premier secrétaire du PS serait venu lui demander des nouvelles de sa fille et aurait cherché à savoir si elle comptait ou non porter plainte.
Au final, si Anne Mansouret a bel et bien conseillé à sa fille de ne pas déposer plainte, elle a toutefois voulu s’en expliquer en face-à-face avec DSK. Elle relate aux enquêteurs qu’ils se sont retrouvés à l’époque autour d’un verre dans un bistrot pour discuter de cette affaire. Selon Anne Mansouret, DSK était désolé, s’excusait de son comportement, ne pensant pas faire du mal à Tristane. Mais, toujours selon la mère de la jeune femme, il ne semblait pas spécialement craindre un dépôt de plainte.
Selon une source policière, l’enquête s’annonce difficile. Une affaire embrouillée par des liens familiaux, amicaux et politiques. Les auditions de ces prochaines semaines pourraient révéler d’autres secrets.