Un membre de la rédaction d"Envoyé spécial" a interrogé Recep Tayyip Erdogan sur l’interception en janvier 2014 de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant des armes supposément destinées au groupe Etat islamique. La question est mal passée.
Recep Tayyip Erdogan s’en est pris vendredi à un journaliste français lors d’une conférence de presse après un entretien avec Emmanuel Macron à Paris. Le président turc n’a pas apprécié la question du journaliste sur la livraison supposée d’armes par Ankara au groupe Etat islamique en 2014.
"La France, l’Union européenne peuvent-elles décemment vous faire confiance en matière de lutte contre le terrorisme ? Sept ans après le début du conflit en Syrie, regrettez-vous d’avoir fourni autant d’armes et de munitions aux groupes combattants islamistes et d’avoir laissé passer autant de jihadistes en route vers la Syrie par votre pays la Turquie ?", a demandé le journaliste Laurent Richard du magazine Envoyé spécial au chef d’Etat. "Avez-vous fait libérer des membres de Daesh en échange de la libération du personnel turc du consulat turc de Mossoul dont des ressortissants européens ? Savez-vous ce que ces jihadistes sont devenus ?" a-t-il enchaîné.
Pour rappel, c’est à Fethullah Gülen et à ce que le gouvernement turc appelle "l’Organisation terroriste des partisans de Fethullah" (FETO), qu’Ankara impute le putsch manqué de juillet 2016. "Tu parles avec les mots de FETO, pas comme un journaliste", s’est alors énervé Recep Tayyip Erdogan. "Ceux qui ont fait ces opérations étaient des procureurs de FETO, maintenant ils sont en prison", relève-t-il.
"Tu me poses cette question, mais pourquoi tu n’interroges pas les Etats-Unis qui ont envoyé 4 000 camions d’armes en Syrie ?", a-t-il poursuivi. La Turquie critique régulièrement la livraison d’armes par Washington à des milices kurdes en Syrie qu’Ankara considère comme terroristes. "Tu es journaliste, non ? Tu aurais dû enquêter là-dessus aussi", a ajouté le président turc, mettant en garde : "Vous n’avez pas face à vous quelqu’un qui va avaler ça facilement".