"Emmanuel Macron sera encore un autre président français raté". C’est ainsi qu’a été titrée une tribune publiée dans le New York Times, vendredi 8 septembre.
La tribune est signée Chris Bickerton, un professeur qui enseigne la politique européenne à l’université anglaise de Cambridge. Quatre mois après avoir considéré le nouveau président français comme "un nouvel espoir pour l’Europe", le prestigieux journal change de ton.
L’éditorialiste admet qu’à l’étranger, Emmanuel Macron a contribué à restaurer l’image de la diplomatie française en se posant en égal de Donald Trump et de Vladimir Poutine. "Mais à la maison, c’est une autre histoire", indique Chris Bickerton à ses lecteurs américains.
Rappelant d’abord l’été calamiteux que vient de traverser le président français en termes de notoriété (40 % d’opinions favorables à ce jour), le professeur de Cambridge souligne que "M. Macron n’a de toutes façons jamais bénéficié d’un large soutien populaire. Qualifié pour le second tour avec 24% des suffrages, soit en dessous de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy, il a remporté le scrutin parce qu’il était le candidat le moins mauvais". Une élection par défaut, suggère Chris Bickerton.
"Son projet politique entier est bien trop concentré sur sa personnalité. Son attrait vient essentiellement de sa jeunesse, de son dynamisme, de son allure et de ses qualités oratoires", estime le New York Times. "Cette approche hyper-personnalisée comporte toujours le risque qu’une fois le charme rompu, il ne reste rien à ses soutiens pour l’apprécier, ce qui est exactement en train de se passer", poursuit le journal. "Son attitude arrogante à l’égard du pouvoir a détruit l’image anti-establishment qu’Emmanuel Macron a cultivé durant sa campagne", estime aussi l’auteur.
S’appuyant sur la réforme du Code du travail amorcée par le président, Chris Bickerton a tenu à dénoncer "les politiques économiques de M. Macron qui favorisent les employeurs par rapport aux travailleurs et éliminent ce qui reste de l’État-providence français".
Enfin, Chris Bickerton est également des plus sceptiques au sujet de la politique européenne d’Emmanuel Marcon. "Il a expliqué aux électeurs français que, s’ils consentaient à des sacrifices, l’Union européenne – et en particulier l’Allemagne – serait plus à même de proposer à la France des traités plus avantageux".