Pour l’ancien président de la République, la reprise de l’activité en France doit passer par la refonte totale du modèle social. "Le choix est entre le décrochage et la renaissance", explique-t-il.
Proposition de refonte du modèle social
Nicolas Sarkozy n’en finit pas de pointer du doigt la politique économique du gouvernement. À la veille d’une convention des Républicains sur le marché du travail, l’ancien président de la République propose une refonte du modèle social et économique français. Dans une interview, Sarkozy remet en cause le système des 35 heures, de la présentation syndicale mais aussi du procédé de la reprise économique.
Exonération des 35 heures
Nicolas Sarkozy ne voit pas de problème à ce que les entreprises s’exonèrent des 35 heures. Pour lui cependant, les autres ne devraient pas gagner moins en travaillant plus. " C’est la liberté qui doit primer ", affirme le président des Républicains. Le temps de travail devrait donc être fixé "soit avec l’accord des partenaires sociaux de l’entreprise, soit par un référendum au sein de l’entreprise. Si une entreprise veut sortir des 35 heures, elle doit pouvoir le faire. Je pose une condition : personne ne doit travailler plus et gagner moins", estime Nicolas Sarkozy. Ce dernier veut donc que ceux qui travaillent pendant 36 heures soient payés pour leurs 36 heures et ainsi de suite.
Outre, cette liberté des choix par rapport aux 35 heures, Nicolas Sarkozy propose de faire remonter la durée du travail en encourageant financièrement les salariés. "Pour encourager les entreprises à remonter la durée du travail, je propose de les inciter financièrement. Les heures au-delà de 35 heures leur coûteraient moins. Les allègements de cotisations sociales patronales seraient accrus jusqu’à 39 heures. En clair, on n’allège plus les charges pour travailler moins, on les allège pour travailler plus !", affirme-t-il.
La reprise économique est incompatible avec la politique du gouvernement
Au cours de cette interview exclusive pour Les Echos, le leader des Républicains estime qu’il n’y a aucune reprise économique actuellement en France. Il ajoute d’ailleurs que cela perdurera tant que le gouvernement conservera toujours cette même politique. Nicolas Sarkozy appuie ses dires en démontrant que la France est actuellement la seule économie européenne à ne pas connaître de baisse de chômage. Dans le cadre de la présentation du projet de budget 2016, ce mercredi 30 septembre, le président des Républicains estime que "nous sommes au bout d’une politique qui a conduit à avoir plus d’un million de chômeurs supplémentaires depuis 2012".
Le coût du travail serait notamment la principale cause de cette hausse incessante du chômage. "La politique du gouvernement c’est le compte pénibilité, des hausses d’impôts et des emplois aidés, alors que tout devrait être fait pour rendre les activités existantes compétitives, faire émerger des activités nouvelles, innover, entreprendre (...) La priorité c’est l’emploi, donc la baisse des charges pesant sur le travail", confie Nicolas Sarkozy qui pointe du doigt un pacte de responsabilité totalement défaillant. Ce dernier propose d’ailleurs d’établir à un Smic sans aucune charge pour l’employeur.
La pression fiscale serait également en cause dans ce problème du chômage. Les classes moyennes en pâtiraient le plus, selon l’ancien président de la République. Il se dit d’ailleurs favorable à la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), "qui n’existe chez aucun de nos partenaires européens".
Nicolas Sarkozy remet en cause le "monopole de la présentation syndicale"
Pour le leader des Républicains, le progrès économique ne sera effectif qu’avec une "véritable refondation du modèle social et économique". Ainsi, la remise en cause du monopole de présentation des syndicats est vivement souhaitée par Nicolas Sarkozy. "Il faut poser la question de la représentativité syndicale. Les délégués syndicaux doivent cesser d’être nommés par les syndicats, ils doivent pouvoir être élus par les salariés. Et dans ce cadre, il faut autoriser la liberté de candidature dès le premier tour, ce qui signifie la remise en cause du monopole de présentation des syndicats", affirme l’ex-chef de l’État.
Comme le dialogue social n’est plus fonctionnel en France, Nicolas Sarkozy estime que "la négociation sociale doit désormais se dérouler d’abord dans les entreprises, plutôt qu’au niveau de la branche ou du confédéral, à l’exception de certains secteurs particuliers". Ainsi, il préconise un référendum à la majorité simple entre les salariés et non avec la présence obligatoire des salariés.
Par ailleurs, l’ancien président de la République pense que "le licenciement économique doit être rendu possible y compris pour réorganiser l’entreprise quand il est encore temps". Nicolas Sarkozy a notamment précisé qu’il est "favorable au plafonnement des indemnités de licenciement, pour apporter plus de visibilité et de sécurité juridique. La rigidité du droit social, loin d’être une protection, est un frein considérable au recrutement". Parmi ses propositions, le leader des Républicains propose notamment la suppression du seuil de 10 salariés pour les délégués du personnel. Il souhaite également fusionner l’ensemble des instances de représentation du personnel au-delà de 50 salariés.