Les révélations de WikiLeaks n’ont rien de fracassant. Ceux qui attendaient des secrets susceptibles de faire trembler la République seront désenchantés.
Révélé hier, l’espionnage des communications des trois derniers présidents français et leur entourage par la NSA par des documents de WikiLeaks a confirmé que la chancelière allemande Angela Merkel n’était pas l’unique centre d’intérêt pour le renseignement américain. Le contenu des écoutes, désormais baptisés FranceLeaks, ne va pas bousculer la diplomatie française malgré quelques réactions outrées.
1. Nicolas Sarkozy se voit comme le seul à pouvoir résoudre la crise financière mondiale.
A propos de Sarkozy, les écoutes ont permis de savoir que, du point de vue de la NSA, le président français considère qu’il est de sa responsabilité envers l’Europe et le monde de monter au créneau pour résoudre la crise financière mondiale.
2. François Hollande a rencontré l’opposition allemande à l’insu d’Angela Merkel sur le dossier grec.
Quelques temps après son accession au pouvoir, Hollande a organisé une réunion secrète avec les sociaux-démocrates allemands à l’Elysée pour évoquer une possible sortie de la Grèce de la zone Euro. Lors de sa rencontre avec Angela Merkel, le président français a trouvé la chancelière obsédée par la Grèce "qu’elle a pourtant laissée tomber".
3. Nicolas Sarkozy agacé par l’espionnage américain.
Paris était conscient depuis longtemps de l’espionnage des américains. A un point tel que selon une conversation entre Pierre Vimont, l’ambassadeur français à Washington, et Jean-David Levitte, un conseiller du président, Nicolas Sarkozy voulait en parler à Barak Obama lors de sa visite à Washington, en 2010.
4. Jacques Chirac et "les remarques importunes ou inexactes" de Douste-Blazy.
Jacques Chirac ne déléguait pas vraiment les décisions internationales à son ministre des Affaires étrangères. L’ancien président aurait notamment fait pression sur ce dernier lors de la nomination du secrétaire général adjoint de l’ONU, en 2006. Pour la NSA, "les ordres détaillés de Chirac peuvent être une réponse à la propension du ministre des Affaires étrangères à faire des remarques importunes ou inexactes".
5. Une initiative secrète de Sarkozy pour le Proche-orient.
Un appel passé par Nicolas Sarkozy à Alain Juppé, son ministre des Affaires étrangères a été retranscrit par la NSA. Il voulait "proposer une initiative pour relancer directement les discussions de paix au Proche-Orient entre Israël et les Palestiniens. Le président français envisageait de faire appel au président russe Dimitri Medvedev pour une éventuelle initiative commune sans les États-Unis".