Deux cents députés socialistes évoquent leur soutien au Président de la République dans une note signée collectivement. Selon eux, les parlementaires doivent se rassembler pour être entendus.
Dans le journal Le Monde, 200 députés socialistes lancent un appel de soutien à François Hollande. Des élus qui se réclament "ni godillots, ni déloyaux" et qui demandent à leurs collègues "frondeurs" d’être "pleinement responsables de l’intérêt général du pays".
Ils expliquent ainsi : "Depuis le début de ce quinquennat, les parlementaires socialistes seraient confrontés à une impossible alternative : faire preuve de déloyauté en refusant le soutien au gouvernement de gauche et au président de la République, faire preuve de passivité en revêtant le costume de godillot au Parlement".
"Ce débat n’est pas nouveau dans l’histoire des socialistes. La double nature des députés, porte-parole de leur famille politique et en même temps porte-voix de leurs électeurs, a toujours été acceptée. Le groupe parlementaire n’est pas la fraction parlementaire du parti comme c’est le cas en Allemagne, il a toujours cherché son équilibre entre la singularité et la solidarité", estiment-ils.
Une nouvelle donne. "Le débat qui a traversé, ces derniers mois, le groupe majoritaire àl’Assemblée nationalen’a pas échappé à cette apparente contradiction. D’autant que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la vie de nos institutions. Le non cumul des mandats, une lecture plus parlementaire de la Ve république portée par François Hollande dans la campagne de 2012, un nouveau rapport entre l’exécutif et le parlement proposé par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale ont créé une nouvelle donne.
La défaite lors des récentes élections municipales et européennes est venue accentuer cette situation. Le problème n’est pas qu’il y ait des désaccords, il en a déjà existé".
"Le débat entre godillot et déloyaux n’a pas de sens. Si ce n’est notre affaiblissement collectif".
Une stratégie assumée. "Le débat entre godillot et déloyaux n’a pas de sens. Si ce n’est notre affaiblissement collectif. Alors que l’appareil productif -et d’abord l’industrie- les comptes publics et le système éducatif ont été gravement abîmés pendant une décennie de politique libérale-conservatrice, le cap de la politique économique a été fixé et nous l’assumons.
Parlementaires, nous jouerons notre rôle pour en mesurer l’efficacité, en particulier dans le cadre de la mission sur le CICE qui doit permettre de vérifier que l’indispensable soutien à la compétitivité de nos entreprises sert effectivement l’emploi, la formation, l’investissement, et pas la distribution de dividendes".
Moderniser la pratique. "Ce pseudo-débat entre godillots et déloyaux est derrière nous. Il faut maintenant moderniser notre pratique. Le groupe doit être plus que jamais le lieu de l’élaboration. Le respect des opinions et des personnes la norme de nos débats. La majorité, le mode de régulation. Nous ne pèserons dans les débats que collectivement".
Détermination, cohérence et rassemblement. "Nous sommes convaincus qu’il revient aux parlementaires socialistes de revendiquer l’affirmation d’une détermination, d’une cohérence et d’un rassemblement pour agir.
Une détermination, dans le choix de la réforme pour notre pays. Il ne s’agit pas de changer pour changer, mais de construire une France plus efficace et plus juste, face aux inégalités territoriales et sociales.
Une cohérence, par un cap constant. Il ne s’agit pas de se montrer sourd aux manifestations d’inquiétudes. Mais on ne peut redonner confiance à un pays qui doute par des coups de volant brusques et répétitifs.
Un rassemblement, car c’est ce qui fait notre force, nous permet de convaincre et d’entraîner avec nous les Français. Ce n’est pas l’argument pour éviter les débats, c’est la condition pour être audibles et crédibles, et donc un jour entendus".
Intérêt général. "La lecture plus parlementaire de nos institutions, qui doit être confortée et renforcée, exige des parlementaires pleinement responsables de l’intérêt général de la gauche et du pays", concluent-ils.