La Chancellerie a affirmé jeudi que l’ancien homme fort du Panama Manuel Noriega n’avait pas en France le statut de prisonnier de guerre, contrairement à ce qu’ont soutenu ses avocats.
PARIS (AFP) - La Chancellerie a affirmé jeudi que l’ancien homme fort du Panama Manuel Noriega n’avait pas en France le statut de prisonnier de guerre, contrairement à ce qu’ont soutenu ses avocats.
L’un d’eux, Me Antonin Levy, avait indiqué la veille que ses conditions de détention à la maison d’arrêt parisienne de la Santé n’étaient "pas conformes à son statut de prisonnier de guerre".
"M. Noriega ne bénéficie pas du statut de prisonnier de guerre. Il est poursuivi sur notre territoire pour des infractions de droit commun, qui en outre n’ont pas été commises dans l’exécution de son service en tant que militaire", a indiqué le porte-parole de la Chancellerie, Guillaume Didier, interrogé par l’AFP.
"Pour autant, les conditions générales de détention en France permettent de respecter les différents impératifs prévus par la Convention de Genève pour les prisonniers de guerre", a-t-il ajouté.
Selon la Chancellerie, M. Noriega peut ainsi "recevoir et expédier de la correspondance, recevoir des colis, avoir des activités physiques en plein air, recevoir des soins médicaux et une aide spirituelle".
"Alors que rien ne nous y oblige, le ministère de la Justice a accepté que M. Noriega puisse recevoir la visite du CICR (Comité international de la Croix rouge), pour assurer la continuité du suivi dont il a bénéficié aux Etats-Unis", a ajouté le porte-parole.
Extradé des Etats-Unis qui lui avaient octroyé ce statut, M. Noriega doit également être considéré comme un prisonnier de guerre en France, qui s’y est engagée auprès de Washington, avaient plaidé mardi ses avocats lors de l’audience qui a décidé de son incarcération.
Dans sa décision, le juge a considéré que "le statut de prisonnier de guerre n’est pas incompatible avec" sa détention.
Pour Me Olivier Metzner, l’un de ses avocats, "une fois accordée, le statut de prisonnier de guerre est définitif".
"La Chancellerie n’a aucune compétence pour revenir là-dessus et viole à la fois la convention de Genève et l’engagement pris par la France devant les Etats-Unis", a-t-il ajouté, précisant qu’il allait en conséquence "demander le rapatriement de Noriega aux Etats-Unis".
Manuel Noriega doit être rejugé à Paris pour blanchiment d’argent de la drogue. Il avait été condamné par défaut en 1999 par le tribunal correctionnel de Paris à 10 ans de prison et 11,4 millions d’euros d’amende.
Une audience destinée à déterminer les dates du procès doit se tenir le 12 mai.
"J’entends qu’à cette occasion, Manuel Noriega vienne en tenue de général avec ses décorations, dont sa légion d’honneur", a confié l’avocat.
La convention de Genève prévoit qu’un prisonnier de guerre puisse revêtir son uniforme pendant sa détention. Le général Noriega s’était vu octroyer le titre de commandeur de la Légion d’honneur le 22 janvier 1987 par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Bernard Raimond.