Les syndicats et l’opposition ont multiplié les piques lundi contre le "document d’orientation" sur les retraites du gouvernement, qui trace les contours de la réforme des retraites sans trancher encore sur des mesures concrètes.
PARIS (AFP) - Les syndicats et l’opposition ont multiplié les piques lundi contre le "document d’orientation" sur les retraites du gouvernement, qui trace les contours de la réforme des retraites sans trancher encore sur des mesures concrètes.
Ils ont notamment rappelé leur hostilité à la remise en cause de la retraite à 60 ans, l’une des principales pistes envisagées par le gouvernement dans son texte publié dimanche, et se sont montrés sceptiques face à la contribution annoncée des "hauts revenus et des revenus du capital".
Le document "laisse entrevoir des solutions injustes, sans commune mesure avec les défis posés par le système de retraite", a réagi la CFDT, qui aurait préféré une "remise en question plus générale du système".
Le syndicat a regretté que le gouvernement considère l’augmentation de la durée d’activité comme "seule réponse" aux déficits. Tout en saluant un "signe positif" avec la mise en place d’une nouvelle contribution, la CFDT "sera attentive à ce qu’il ne s’agisse pas uniquement d’une mesure symbolique".
Sur cette contribution, le leader de FO, Jean-Claude Mailly, a craint lundi "que ce soit une recette de poche". "Ce que je reproche au gouvernement, c’est d’avoir exactement le même raisonnement qu’avant la crise : comment peut-il dire, on ne peut pas augmenter les cotisations ou on ne peut pas faire un prélèvement type CSG ?", a-t-il ajouté.
La CGT avait réagi dimanche soir, jugeant que "ce qui est demandé aux salariés, ce sont de nouveaux sacrifices par un report de l’âge de départ à la retraite", même si le syndicat estime que sa "campagne pour faire mettre à contribution les revenus du capital a marqué quelques points".
"On a été écouté mais pas entendu, et aucune de nos propositions n’a été retenue, il faut donc +pousser+ encore aujourd’hui", a insisté Eric Aubin (CGT).
La CFTC, "sceptique", a noté que "le financement semble reposer essentiellement sur les salariés". Pour ce syndicat, "les propositions se résument à +travailler plus longtemps et déplacer le curseur de l’âge légal+".
Pour Solidaires, "sous prétexte de vouloir défendre notre régime de retraite (le gouvernement) en poursuit la destruction, s ?inscrivant explicitement dans la lignée des contre-réformes antérieures de 1993, 2003 et 2007-2008".
Danièle Karniewicz (CFE-CGC) a "le sentiment" que les pistes avancées par le gouvernement seront insuffisantes "pour préserver le niveau des pensions".
Pour la FSU, "toutes les orientations, bien que prudemment rédigées, présagent des dégradations pour les fonctionnaires comme pour les salariés du privé". L’Unsa a aussi fustigé "des mesures susceptibles d’aggraver la situation des salariés et des futurs retraités".
L’opposition n’a pas été plus tendre.
Le PS, qui fera ses contre-propositions "dans les jours qui viennent, a qualifié la taxation annoncée des hauts revenus comme "un leurre" pour faire "passer la pilule". Pour Martine Aubry, le gouvernement "souhaite comme d’habitude faire payer les salariés et les retraités".
"C’est la fin de la retraite à 60 ans qui est programmée !", a estimé le PCF, pour qui le gouvernement "ne cherche pas à sauver les retraites mais à donner des gages aux tout puissants marchés financiers".
Les pistes gouvernementales ont en revanche trouvé grâce aux yeux de l’UMP. Son secrétaire général Xavier Bertrand les a trouvées "à la fois solides, sérieuses, logiques". Faire contribuer les plus hauts revenus montre que "le souci de justice, d’équité est au coeur de la réforme", a-t-il estimé.
Sur cette même mesure, qui n’entrera pas dans le calcul du bouclier fiscal, le député UMP Hervé Mariton a cependant jugé qu’il serait "plus transparent, plus honnête", de relever le taux de ce bouclier à 52%.