Pour convaincre l’Europe d’agir contre le suremballage, un militaire du Sud-Ouest a rallié 129.000 signatures en quelques mois grâce à Facebook et lance désormais une pétition internationale multilingue en ligne, en espérant récolter un million de signatures.
PARIS (AFP) - Pour convaincre l’Europe d’agir contre le suremballage, un militaire du Sud-Ouest a rallié 129.000 signatures en quelques mois grâce à Facebook et lance désormais une pétition internationale multilingue en ligne, en espérant récolter un million de signatures.
"Nous, citoyens européens et résidents de l’Union européenne (...) considérons que la réduction des déchets et la protection de l’environnement nécessitent des mesures limitant le suremballage", indique le texte mis en ligne mercredi soir (www.overpacking.eu).
Frédéric Crépin, 33 ans dont 14 au service de l’armée, s’appuie sur le Traité européen de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre dernier, qui permet aux citoyens des 27 Etats Membres de saisir le Parlement européen dès lors qu’ils sont au moins un million à faire cause commune dans un tiers des Etats de l’Union.
"L’idée est que l’UE exerce une pression sur les industriels qui n’ont aujourd’hui aucune contrainte. Le Grenelle de l’environnement manque de dispositions sur l’emballage", explique ce caporal chef du 17è régiment du génie parachutiste de Montauban (Tarn-et-Garonne), qui insiste sur une "démarche citoyenne, apolitique, sans lien avec les ONG".
Moins d’emballage, moins de déchets, résume-t-il, en rappelant que le consommateur paie souvent plus cher l’emballage que son contenu.
Après le succès inespéré de son groupe sur le réseau social Facebook, l’aventure se poursuit sur internet avec une pétition en six langues (français, anglais, italien, espagnol, portugais et bulgare) grâce à un webmaster du Lubéron, Eric Farman, adhérent de la première heure sur Facebook.
Le texte, rédigé par un avocat parisien spécialiste du droit de l’environnement, Me Pierre-François Morin, sonne la mobilisation en faisant valoir que le "suremballage (...) est une atteinte au principe de croissance durable respectueuse de l’environnement".
"Parce que l’emballage peut représenter 80% du poids total du produit fini et jusqu’à 65% de son coût, la réduction des emballages doit permettre à chaque consommateur de réduire d’autant le volume global de sa production de déchets et réaliser des économies équivalentes", indique-t-il.
"Je suis tombé sur la page Facebook et j’ai proposé mes services pour traduire l’idée en langage juridique", raconte Me Morin. Si le million de signatures est atteint, la pétition sera transmise à la Commission des pétitions du Parlement européen qui devra vérifier sa validité et qu’il y a bien une lacune dans le droit européen : "C’est le cas, j’en suis sûr", assure l’avocat.
Sébastien Lapeyre, président du Centre d’information indépendant sur les déchets (CNIID), suit l’affaire avec intérêt. "On n’a aucun chiffre sur le suremballage, ni même de définition, alors que certains contenants sont trois fois plus volumineux que leur contenu", note-t-il.
"Mais on n’a toujours aucune mesure", constate-t-il après l’adoption cette semaine de la loi Grenelle 2 à l’Assemblée.
En 2008, les marques de grande distribution se sont juste engagées à réduire le poids de leurs emballages d’1kg par habitant sur cinq ans.
Comme Eric Farman le webmaster, l’avocat et les traducteurs qui ont offert leurs services travaillent pro bono. La version allemande sera bientôt disponible et le finnois, le polonais et le grec devraient suivre.
"On prévoit aussi une version anglaise sur Facebook. D’ailleurs, le groupe en français a aussi des adhérents venus d’autres pays", souligne Frédéric Crespin.
Emballé par son succès, il envisage déjà un autre combat contre les enseignes lumineuses des magasins la nuit.