Opérations "culture à la rue" en province, défilé de manifestants par milliers à Paris : le spectacle vivant, après avoir bien mobilisé fin mars, a joué jeudi avec succès l’acte II de son combat contre la réforme "dangereuse" des collectivités territoriales.
PARIS (AFP) - Opérations "culture à la rue" en province, défilé de manifestants par milliers à Paris : le spectacle vivant, après avoir bien mobilisé fin mars, a joué jeudi avec succès l’acte II de son combat contre la réforme "dangereuse" des collectivités territoriales.
A Paris, un défilé de plus de 4.000 personnes selon la CGT-spectacle, et même 4.600 pour la police, est passé symboliquement devant de hauts lieux culturels, du Cirque d’hiver jusqu’au Centre Pompidou via le Palais-Royal, siège de la Comédie-Française et du ministère de la Culture.
La manifestation, qui s’est tenue dans une ambiance bon enfant, aux sons notamment d’un groupe de cuivres, était organisée à l’appel d’une douzaine d’organisations de salariés (CGT, FO, CGC) et d’employeurs comme le Syndeac (structures subventionnées).
En outre, une quinzaine de rassemblements et autres actions ont eu lieu en province. Plusieurs représentations en soirée ont été annulées, dont trois à la Comédie-Française, une au Théâtre national de Strasbourg (TNS) et une autre à la scène nationale Le Volcan du Havre. A Clermont-Ferrand et à Rennes, des pièces devaient être jouées partiellement en plein air, dans le cadre d’opérations "culture à la rue".
Cette journée nationale d’actions fait suite à une première mobilisation, le 29 mars, qui avait rassemblé 4.000 manifestants à Paris et un millier en province, selon la CGT.
La mobilisation de jeudi a reçu le soutien des partis de gauche, dont le PS, représenté dans le cortège parisien par le député Patrick Bloche, le président de la région Île-de-France Jean-Paul Huchon et son vice-président à la culture Julien Dray. Pierre Laurent, n°2 du PCF, était également dans le cortège.
La date du 6 mai n’a pas été choisie au hasard : trois ans jour pour jour après l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, les manifestants ont réaffirmé leur hostilité à plusieurs de ses projets.
Les milieux du spectacle sont en particulier vent debout contre la réforme des collectivités territoriales, inquiétante pour un secteur qui dépend à 70% de financements locaux.
Ils craignent que les départements et les régions perdent la possibilité d’intervenir librement dans le champ de la culture en cas de disparition de la clause dite de "compétence générale", malgré les dénégations sur ce point du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.
En outre, la suppression de la taxe professionnelle et les transferts de charges non compensés mettent déjà en péril certaines collectivités, en particulier des départements, soulignent les professionnels.
Les milieux du spectacle s’inquiètent aussi de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), redoutant qu’elle s’accompagne de coupes claires dans les aides de l’Etat, "sous couvert de modernité et d’efficacité".
"Appliquer la RGPP à la culture est un non-sens, étant donné que son budget représente moins de 1% de celui de l’Etat : les économies obtenues seront ridicules", a déclaré à l’AFP le secrétaire général de la CGT-spectacle, Jean Voirin.
"On a l’impression qu’on n’est pas défendus par notre ministre, alors que notre secteur est tout petit", a renchéri la directrice du Syndeac, Irène Basilis, en tête d’un cortège où ont fleuri les pancartes, dont une indiquant "En mon temps, Mitterrand fut culturel" et arborant un portrait de... François Mitterrand.
Après cette deuxième manche de mobilisation, les syndicats prévoient déjà une troisième journée d’actions, le 15 juin. Et ils se font menaçants : "s’il n’y a pas de réponse du gouvernement, il se passera des choses lors des festivals d’été", prévient Jean Voirin.
