Le journal Le Monde accuse l’Elysée d’avoir violé la loi sur le secret des sources de l’un de ses journalistes chargé de l’affaire Woerth-Bettencourt. Le directeur général du quotidien Eric Fottorino a indiqué lundi qu’il allait porter plainte contre X auprès du parquet.
Le Monde lance une procédure judiciaire contre l’Elysée pour "violation de la loi sur la protection des sources des journalistes". Selon le journal, l’Elysée aurait utilisé les services de contre-espionnage pour tenter d’identifier l’informateur de Gérard Davet, l’un de ses journalistes en charge de l’affaire Woerth. C’est ainsi que la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) a réussi à démasquer le magistrat David Sénat, conseiller pénal de la ministre de la Justice. Ce haut fonctionnaire, suspecté d’être à l’origine des fuites de l’affaire Woerth-Bettencourt dans la presse, a été limogé, puis affecté en Guyane début septembre. Selon les explications du Monde, le " téléphone administratif " de David Sénat aurait été expertisé. Ce qui a permis aux enquêteurs de découvrir le nom du journaliste Gérard Davet sur le listing des contacts du conseiller. Mais à ce jour, le cabinet de la garde des Sceaux continue de réfuter cette thèse.
Contactée par Le Point.fr, la présidence de la République, par la voix de son porte-parole, Franck Louvrier, nie aussi toute "intervention" dans ce dossier. De son côté, le directeur du journal Le Monde, Eric Fottorino est catégorique : il a affirmé lundi 13 septembre sur Europe 1 qu’"il avait en main des éléments de preuves" sur l’ingérence du pouvoir.
Pour sa part, la DCRI admet avoir orchestré une enquête sur l’instruction de la police des polices, et non de l’Élysée. La DCRI affirme avoir transmis ses informations au parquet de Paris en août, tandis que Le Monde se dit certain que les conclusions de la DCRI ont été remises à l’Élysée courant juillet.
La DCRI a tenu à souligner qu’il s’agissait uniquement de vérifier la loyauté des hauts fonctionnaires et non d’espionner les journalistes.
Pour la rédaction du Monde, le mal est déjà fait. La loi sur la protection des sources journalistiques a bel et bien été bafouée. Ladite loi prévoit que nul ne "peut porter atteinte directement ou indirectement au secret des sources, sauf à justifier d’un impératif prépondérant d’intérêt public et à condition que les mesures envisagées soient strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi".
Dans son édito d’hier, Le Monde parle d’"intimidation", et de "cabinet noir".