Après l’annonce par François Fillon du gel des dépenses publiques pour les trois prochaines années, les éditorialistes reviennent sur un plan de rigueur qui ne veut pas dire son nom.
PARIS (AFP) - Après l’annonce par François Fillon du gel des dépenses publiques pour les trois prochaines années, les éditorialistes reviennent sur un plan de rigueur qui ne veut pas dire son nom.
Luc Chatel "a bien précisé qu’il s’agit là d’une +politique sérieuse+ qui n’a rien à voir avec la rigueur.", note Eric Dussart dans La Voix du Nord.
De même dans L’Est Républicain, Chantal Didier ironise : "A défaut du nom, cela en a la couleur. Si François Fillon exclut toute politique de " rigueur ", le gel des dépenses publiques annoncé hier signifie que l’État va se serrer la ceinture et, avec lui, les Français." Alors que Francis Brochet du Progrès observe que "La différence entre le gel et la rigueur, nous a expliqué Monsieur Chatel, c’est qu’il n’y aura pas d’augmentation massive des impôts. Toute la subtilité, on le devine, est dans la définition de l’adjectif "massive"...."
Sous le titre "la rigueur, enfin !" Gaetan de Capèle dans Le Figaro se réjouit franchement et affirme "qu’"il s’agit, plus simplement et sans drame de remettre de l’ordre dans les comptes de la maison France tant que des marges de manoeuvres existent".
De son côté, Paul Quinio de Libération pense que "le pari de l ?austérité de François Fillon est à double tranchant" et qu’"à vouloir prévenir le pire, Fillon prend le risque d ?alerter les marchés."
Carrément pessimiste, Patrick Apel-Muller de L’Humanité est certain que "le scénario grec a été choisi par le gouvernement français pour tondre les Français" et que "ce sont d’abord les dépenses sociales qui seront amputées" et surtout "pas ce fameux bouclier dont la droite a fait sa gloire et les grandes fortunes leur beurre."
"Mettre de la rigueur, au sens rigoureux du mot, là où elle avait fini par manquer, devrait suffire pour parer à l’urgence.", espère François Ernenwein de La Croix tout en souhaitant que les réformes "soient équitables, accompagnées d’un contrôle renforcé des marchés financiers et d’une politique des revenus cohérente."
Dans La République des Pyrénées, Jean-Michel Helvig note que Luc Chatel "a assuré que +tout le monde sera touché+.", et attend qu’au nom de "l’équité sociale (...) certains soient quand même plus touchés que d’autres.""
Pour Michel Lépinay de Paris-Normandie, on nage en "groucho-marxisme". " Les leaders européens qui s’indignent de la situation de la Grèce et affirment leur solidarité, main sur le coeur, s’empressent de prélever 5 % d’intérêts sur les sommes prêtées au cousin grec sinistré. Et donc d’aggraver encore sa dette pour en tirer quelque profit.", s’insurge-t-il. Il pousse le raisonnement en précisant que "tout cela n’est pas vraiment réel et donc sans gravité : tous les Etats sont surendettés, et empruntent aux banques les sommes qu’ils prêtent à la Grèce, pour qu’elle puisse rembourser les banques, qui spéculent elles-mêmes sur l’incapacité des Etats à les rembourser !"