L’Iranien Ali Vakili Rad, assassin de l’ex-Premier ministre Chapour Bakhtiar, est arrivé mardi soir à Téhéran après avoir été expulsé de France deux jours après le retour à Paris de l’universitaire française Clotilde Reiss.
TEHERAN (AFP) - L’Iranien Ali Vakili Rad, assassin de l’ex-Premier ministre Chapour Bakhtiar, est arrivé mardi soir à Téhéran après avoir été expulsé de France deux jours après le retour à Paris de l’universitaire française Clotilde Reiss.
L’assassin de l’ex-Premier ministre du Chah d’Iran a bénéficié d’une libération conditionnelle assortie de son expulsion.
Très ému à son arrivée à Téhéran, où il a été accueilli par deux responsables officiels, il a affirmé avoir "laissé derrière (lui) l’enfer" et s’est dit "content d’avoir retrouvé le paradis", selon des propos rapportés par l’agence officielle IRNA.
"Je dirais autant que je pourrai ce que j’ai enduré pendant ces années", a-t-il ajouté en faisant le V de la victoire.
Pour répondre aux soupçons de tractations entre Paris et Téhéran, tant la France que l’avocat d’Ali Vakili Rad ont démenti tout lien entre les deux affaires.
L’Iranien avait quitté en fin de matinée la prison de Poissy (région parisienne) et avait été placé dans un avion d’Iran Air en partance pour Téhéran.
Sa remise en liberté, deux jours après le retour en France de Clotilde Reiss - emprisonnée et retenue à Téhéran pendant dix mois - a alimenté les soupçons de marchandage entre les deux pays.
"La justice est indépendante et il n’y a eu à aucun moment aucun lien, aucun marchandage, aucun échange, aucune tractation de quelque nature que ce soit entre la libération de Clotilde Reiss et la décision prise aujourd’hui par le tribunal français" a réaffirmé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.
Dès dimanche, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner avait exclu tout "marchandage" ou "contrepartie".
"Ce ne doit pas être interprété comme un échange", a confirmé Sorin Margulis, avocat de M. Vakili Rad. "L’affaire Reiss n’a fait que compliquer et retarder la libération de mon client. Cela aurait été probablement plus rapide si Mlle Reiss n’avait pas été arrêtée", a-t-il ajouté.
Mais pour le porte-parole du Parti socialiste (PS, opposition) français, Benoît Hamon, "aujourd’hui expliquer qu’il n’y a pas eu de contreparties (...) c’est juste prendre les gens pour des imbéciles".
L’avocat Karim Lahidji, qui avait représenté la famille de Chapour Bakhtiar lors du procès de son assassin à Paris en 1994, a dénoncé auprès de l’AFP "un échec pour un gouvernement démocratique de céder face à un Etat terroriste".
Ali Vakili Rad avait été condamné à la prison à perpétuité, assortie d’une peine incompressible de 18 ans, pour l’assassinat à l’arme blanche en 1991 près de Paris de Chapour Bakhtiar.
Il avait été interpellé en Suisse avant d’être extradé vers la France.
Deux autres hommes, condamnés en 1995 à la réclusion criminelle à perpétuité pour leur participation au même meurtre, n’ont jamais été arrêtés.
M. Vakili Rad avait obtenu le 2 juillet 2009 la fin de sa période de sûreté et avait ensuite demandé sa libération conditionnelle.
Téhéran avait évoqué à l’été 2009 le cas d’Iraniens détenus en France, en réponse à une question sur la libération de Mlle Reiss, sans mentionner explicitement le cas de M. Vakili Rad.
Les suspicions de négociations entre les deux pays sont également nées de la décision de la justice française de refuser d’extrader début mai Majid Kakavand, vers les Etats-Unis. Cet ingénieur iranien, retenu en France depuis mars 2009, est accusé par Washington d’avoir fourni à son pays des composants électroniques ayant de possibles applications militaires.