Le ministre espagnol de l’Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, a indiqué que Mikel Karrera Sarobe, alias "Ata" était "actuellement le plus haut dirigeant" du groupe indépendantiste basque armé et le plus recherché par l’Espagne.
BAYONNE (AFP) - La police française a réussi un coup double en arrêtant jeudi à Bayonne le "plus haut dirigeant" actuel de l’ETA, selon Madrid, et son "adjoint", soupçonné d’être impliqué dans une fusillade fatale à un brigadier français le 16 mars.
Selon le ministre espagnol de l’Intérieur, Mikel Karrera Sarobe, 37 ans, est "actuellement le plus haut dirigeant" et chef militaire du groupe indépendantiste basque armé. Il avait succédé au précédent responsable arrêté en Basse-Normandie fin février.
Mikel Karrera, alias "Ata" (canard en langue basque), est le cinquième chef militaire du groupe indépendantiste basque armé interpellé en deux ans, selon le ministre espagnol de l’Intérieur.
Il a été interpellé vers 06H15 jeudi dans un duplex d’une petite résidence "tranquille" du quartier de la gare de Bayonne en compagnie de son "adjoint" présumé dans l’appareil militaire, Arkaitz Aguirregabiria del Barrio. Ce dernier était, selon les autorités espagnoles, l’etarra le plus recherché par la France en raison de son implication présumée dans le meurtre d’un policier français.
De source française proche de l’enquête, il est soupçonné d’avoir appartenu au commando etarra qui avait ouvert le feu sur une patrouille de police du commissariat de Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne). Un brigadier de 52 ans, Jean-Serge Nérin, avait été tué.
Les deux dirigeants présumés d’ETA ont été arrêtés en compagnie d’une femme, Maite Aranalde Ijurco. Cette Espagnole serait aussi un membre présumé d’ETA, selon Madrid.
Ce coup de filet, au cours duquel des armes, des documents, du matériel informatique et de l’argent ont été saisis, a été mené par la police judiciaire, le RAID ainsi que la Direction nationale anti-terroriste (Dnat). Les etarras présumés ont été identifiés et localisés par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur).
Deux autres arrestations ont eu lieu à Urrugne (Pyrénées-Atlantiques) dans le "même dossier", selon une autre source proche de l’enquête. Il s’agit de deux Français, un homme et sa compagne, selon Madrid.
Ces interpellations ont eu lieu dans le cadre d’une enquête préliminaire pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes ouverte en début de semaine par le parquet de Paris, selon une source judiciaire.
Selon le ministre espagnol de l’Intérieur, Mikel Karrera serait impliqué dans la plupart des dernières opérations de l’ETA. Son implication dans le convoi d’une camionnette bourrée d’explosifs saisie le 9 janvier près de Zamora (ouest de l’Espagne), à proximité de la frontière portugaise, est avérée selon M. Rubalcaba.
Il est également soupçonné d’avoir commandité les attentats commis l’été dernier aux Baléares, dans lesquels deux gardes civils avaient été tués.
Considérée comme organisation terroriste par l’Union européenne, l’ETA est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans de violences dans la lutte pour l’indépendance du Pays Basque.
L’ETA, qui n’a pas commis d’attentat en Espagne depuis août 2009, avait admis le 4 avril, dans un communiqué publié dans le quotidien basque Gara, être l’auteur de la fusillade du 16 mars près de Paris, mais avait fait porter la responsabilité des faits sur la police française, l’accusant d’être à l’origine des échanges de tirs.
La Direction générale de la police nationale française s’était inscrite "en faux" contre ces déclarations de l’ETA qui avait tué pour la première fois un policier français.