Selon l’AFP, la publicité a disparu des écrans de France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5...) après 20H00 depuis début 2009, en vertu de la loi sur l’audiovisuel public de mars 2009. Elle prévoit aussi que les spots disparaissent des écrans avant 20H00 à partir de 2011.
Il s’agit d’un projet cher à Nicolas Sarkozy. A la surprise générale, le chef de l’Etat avait annoncé en janvier 2008 cette réforme, pour libérer la télévision publique de la "tyrannie de l’audience" et lui rendre les "moyens de sa spécificité".
Or M. Copé prévoit de déposer une proposition de loi pour autoriser la publicité avant 20H00, en s’inspirant du modèle allemand, écrit mardi le site d’information Mediapart. Une "volte face totale", réagit le député Michel Françaix, en charge des médias au Parti socialiste.
Selon l’entourage de M. Copé interrogé par l’AFP, il devrait s’exprimer sur le sujet mercredi matin, lors d’une table ronde organisée par la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale, portant sur la télévision et la publicité.
Depuis quelques mois, des parlementaires de l’opposition et de la majorité se disent opposés à la suppression totale de la publicité sur France Télévisions.
Selon eux, cette réforme est compromise depuis l’ouverture en janvier par Bruxelles d’une procédure d’infraction contre la taxe mise en place par la France pour compenser le manque à gagner publicitaire pour France Télévisions. Les sociétés de télécommunications sont ainsi ponctionnées à hauteur de 0,9% de leur chiffre d’affaires.
La semaine dernière, le ministre de la Communication, Frédéric Mitterrand, avait évoqué une augmentation de la redevance si la taxe télécoms était retoquée.
Une éventualité dont M. Copé ne veut pas entendre parler. "Moi vivant, il n’y aura pas d’augmentation de la redevance", avait-il déclaré en novembre 2008.
Par ricochet, l’éventuelle "loi Copé" autorisant la publicité avant 20H00 va compromettre la vente de France Télévisions Publicité (FTP), la régie publicitaire de France Télévisions, qui suscite, elle aussi, de nombreuses critiques.
France Télévisions est actuellement en négociations avec le consortium Publicis et Lov Group, société détenue par le producteur Stéphane Courbit, pour lui vendre FTP, qui emploie 280 salariés.
Les détracteurs du projet, dont des politiques, des publicitaires, des auteurs, les syndicats, mais aussi M. Mitterrand, dénoncent un problème "déontologique" puisque les repreneurs sont "juge et partie".
Ils relèvent ainsi que Publicis-Lov Group ont déjà des positions établies dans la production audiovisuelle et l’achat d’espaces publicitaires. Stéphane Courbit contrôle notamment la société de production de Nagui, animateur sur France 2 et France 4.
Dans une interview au Journal du dimanche, M. Courbit a prévenu qu’en l’absence de décision sur le dossier, les "dégâts risquent d’être irrémédiables" pour FTP, avec "150 licenciements".
Lors de la table ronde mercredi interviendront notamment des dirigeants de France Télévisions, ceux des groupes audiovisuels privés (TF1, M6, Canal+) mais aussi des régies publicitaires (TBWA, Omnicom Media Group). Stéphane Courbit sera également auditionné.