Près d’un an après avoir été placé en redressement judiciaire, Heuliez devrait de nouveau se retrouver devant le tribunal, alors que l’avenir du constructeur et équipementier automobile en difficultés fait l’objet de surenchères politiques depuis des mois.
PARIS (AFP) - Près d’un an après avoir été placé en redressement judiciaire, Heuliez devrait de nouveau se retrouver devant le tribunal, alors que l’avenir du constructeur et équipementier automobile en difficultés fait l’objet de surenchères politiques depuis des mois.
Heuliez devrait demander lundi au tribunal de commerce de Niort sa mise en redressement judiciaire, avait annoncé mercredi son mandataire Régis Valliot.
Pour l’entreprise implantée à Cerizay (Deux Sèvres), c’est le retour à la case départ. Heuliez, en péril depuis plusieurs années, avait déjà dû aller au tribunal à la mi-2009, avec à la clé un redressement judiciaire et l’espoir de retrouver un repreneur.
Mais un an plus tard, l’avenir de la société, qui emploie encore 600 personnes contre un millier il y a un an, reste incertain, malgré l’implication très forte de la présidente PS de la région Poitou-Charentes Ségolène Royal et du gouvernement, via le ministre de l’Industrie Christian Estrosi (UMP).
Pour la première, il s’agit de sauver l’entreprise familiale, qui a longtemps été un des plus gros employeurs de sa région. Le Poitou-Charentes a apporté 5 millions d’euros à Heuliez et a pris en charge une formation pour les salariés licenciés. Pour M. Estrosi, il faut défendre le tissu automobile français. Le gouvernement a promis 10 millions d’euros à l’entreprise, mais qui ne seront versés que si elle trouve un repreneur.
Pendant des mois, ils se sont livrés à une surenchère politique, Mme Royal accusant le gouvernement de ne pas apporter l’aide promise à Heuliez, tandis que M. Estrosi lui reprochait de s’être beaucoup affichée avec Louis Petiet, patron de BKC, présenté un temps comme le sauveur d’Heuliez, mais qui n’a pas tenu ses engagements.
Tous deux ont aussi multiplié les effets d’annonce sur de possibles repreneurs pour Heuliez, que ce soit l’assureur mutualiste Macif ou l’investisseur turc Alphan Manas. La Macif avait finalement jeté l’éponge et l’offre du Turc s’est révélée insuffisante.
Le point d’orgue avait été atteint pendant la campagne des régionales, où Mme Royal se présentait face au secrétaire d’Etat aux transports Dominique Bussereau (UMP).
Depuis, le ton a changé, les politiques se faisant plus discrets. "La sagesse veut qu’il n’y ait aucune déclaration en attendant un dénouement que j’espère positif", déclarait récemment Mme Royal.
Le ministre de l’Industrie a fait valoir mercredi sur Public Sénat qu’"Heuliez n’est pas une entreprise d’Etat et ce n’est pas à nous de prendre les décisions".
"Ces dernières semaines, il n’y a plus eu d’interférences politiques, les décisions sont à présent essentiellement économiques", assure une source proche du dossier.
Reste désormais posée la question de ce qui peut encore être sauvé dans l’entreprise. "Heuliez est le dernier petit constructeur français indépendant", ce qui explique l’importance accordée à son sauvetage, constate Bertrand Rakoto, analyste chez RL Pol, qui estime que l’entreprise "est un peu le dernier bastion de ces artisans qui savent concevoir et assembler des véhicules".
Son coeur de métier est en effet d’assembler des petites séries de voitures, comme des coupés-cabriolets pour d’autres constructeurs comme Peugeot ou Citroën. Mais avec la crise, ces derniers ont préféré rapatrier cette activité dans leurs propres usines et Heuliez mise à présent sur le véhicule électrique pour assurer sa survie.