Illustration - Gerald Herbert/AP/SIPA
Une enquête sur les violences sexuelles dans l’Eglise a été menée par France Inter. Les résultats ont montré que 18 évêques n’ont pas répondu de manière adéquate à des signalements concernant des prêtres accusés d’abus.
A l’approche de l’assemblée plénière des évêques de France, France Inter a enquêté sur la gestion des violences sexuelles dans chaque diocèse de l’Eglise. L’enquête a révélé qu’au moins 18 évêques actuellement en poste n’ont pas répondu de manière adéquate à des signalements concernant des prêtres accusés d’abus, rapporte France Info.
Pour arriver à cette conclusion, le média a analysé les parcours de chaque évêque et la manière dont ils ont accueilli les alertes et accompagné les victimes. Certains faits rapportés ont dévoilé de l’inaction, d’autres d’un traitement inapproprié. Plusieurs témoignages ont évoqué des réponses absentes, des tentatives de dissuasion de porter plainte. Par ailleurs, des prêtres ont été maintenus en poste malgré les signalements.
L’évêque d’Autun, Chalon-sur-Saône et Mâcon, Benoît Rivière, est notamment reproché de ne pas avoir agi face à plusieurs alertes visant des prêtres de son diocèse. En raison du silence de l’évêché, des fidèles ont confié avoir dû signaler eux-mêmes les faits à la justice ou aux forces de l’ordre.
Deux abbés sont morts sans avoir été inquiétés. Un troisième, visé par une plainte déposée par des parents d’une fillette en 2021, fait l’objet d’une enquête en cours.
Contacté, l’évêque a affirmé avoir pris des mesures conservatoires à partir du 2 août 2024, interdisant notamment au prêtre de toute intervention en milieu scolaire.
Dans le diocèse d’Aix-et-Arles, plusieurs signalements ont été adressés contre un prêtre toujours actif auprès de jeunes. Des alertes ont été émises depuis le début des années 2010 et une enquête a été ouverte en 2014. Pourtant, elle a été classée sans suite et les témoignages de paroissiens, prêtres et proches ont été ignorés par l’évêque de l’époque, Mgr Dufour.
Ce prêtre figure encore dans les nominations de 2024, signées par Mgr Christian Delarbre, arrivé en 2022.
La présidente de l’Ecclésia Johannis, une association d’aide aux victimes d’abus dans l’Eglise a alerté le diocèse. En réponse, la cellule d’écoute a envoyé un mail qui évoque de possibles poursuites pour diffamation. "Il est rappelé que toute allégation ayant le caractère d’une diffamation publique ou privée (...) est susceptible de poursuites et d’engagement de votre responsabilité pénale", a-t-elle indiqué.
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