Emprisonnée en Irak pour appartenance à l’Etat islamique, Mélina Boughedir s’est confiée dans une interview émouvante, au micro de France Inter.
Mélina Boughedir a été capturée par les forces irakiennes, à Mossoul, le 8 juillet 2017. Elle a été ensuite condamnée à la prison à perpétuité par la cour pénale de Bagdad, le 3 juin 2018, pour avoir rejoint le groupe Etat islamique. Une condamnation qu’elle ne comprend pas. La Française de 28 ans a toujours clamé son innocence. Lors de l’interview exclusive menée par une journaliste de France Inter, elle a raconté qu’elle avait franchi la frontière irakienne pour suivre son mari et ne pas abandonner ses enfants. Son mari est en effet un Français converti à l’islam radical. "Une nuit, il a dit ’je veux aller en Syrie’, j’ai dit non, et il m’a dit, si tu ne veux pas entrer avec moi en Syrie demain, je prends les trois enfants et toi, tu restes, y a pas de problème", affirme-t-elle.
Lors de l’entretien, Mélina Boughedir a pour instruction de ne s’exprimer qu’en arabe. Puis, au fil des questions, elle serre contre elle son bébé de deux ans, une petite fille, relate la journaliste de France Inter. Ses trois autres enfants de 4, 6 et 8 ans sont repartis en France, en décembre 2017. "Je les aime beaucoup, j’espère bientôt les revoir... Qu’ils ne m’oublient pas !", dit-elle. "Je les ai eus juste une fois au téléphone, il y a un an (...) Puis en juin, j’ai été condamnée... Et alors, plus de nouvelles de mes enfants... J’ai demandé plusieurs fois à la Croix Rouge de leur téléphoner, mais pas de nouvelles...", s’inquiète-t-elle.
Mélina Boughedir a également évoqué son quotidien dans cette prison de Bagdad où 90 femmes et enfants se trouvent par cellule. "Ma fille, elle est toujours avec moi", explique-t-elle. "On est sur le même matelas. Elle n’a pas de jouet. C’est la même chose pour tous les enfants", déplore la jeune mère de famille. Mélina Boughedir martèle qu’elle est innocente, qu’elle n’a jamais fait partie de la police des mœurs de Daesh, à Mossoul, où elle avait suivi son mari. Elle attend désormais un procès en appel.