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D’anciens élèves du lycée Pierre-Bayen, dans la Marne, accusent l’Éducation nationale d’avoir laissé faire après le suicide d’un professeur en décembre 2023. Ce dernier a été visé par neuf plaintes dont une pour viol.
Le suicide d’un professeur du lycée Pierre Bayen à Châlons-en-Champagne dans le Marne a conduit plusieurs de ses victimes présumées à engager des poursuites contre l’État devant les tribunaux administratifs. Charismatique, érudit et passionné, Pascal Vey marquait les esprits. Enseignant le français et codirecteur de la section cirque du lycée, il bénéficiait d’une aura presque intouchable. Mais derrière cette image séduisante se cachait un homme manipulateur et violent. Plusieurs voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer les faits. Neuf plaintes pour viols, agressions sexuelles et harcèlement ont été déposées avant son décès en décembre 2023. L’enseignant s’est donné la mort au moment où les enquêteurs venaient l’interpeller, rapporte Franceinfo.
Dès 2016, des signaux avaient été lancés : lettres anonymes, soupçons évoqués à demi-mot, comportements troublants rapportés. Pourtant, aucune procédure disciplinaire sérieuse ne suit. En 2021, une collègue, Marie-Pierre Jacquard, alerte ouvertement la hiérarchie. Elle dénonce alors des faits graves, mais se heurte à l’indifférence de sa direction. Cible de pressions internes, elle finit par quitter son poste, convaincue d’avoir payé le prix de sa parole. Ce n’est qu’en 2023 qu’une enquête judiciaire s’ouvre, bien tard pour éviter le pire.
Sylvain, Laurent, Quentin… Tous racontent un processus d’emprise progressif, des gestes déplacés, des agressions insidieuses. Les récits se ressemblent : fascination initiale, rendez-vous hors du cadre scolaire, puis dérives sexuelles. Certains évoquent des boissons altérées, d’autres des violences physiques ou morales. Plusieurs adultes du lycée auraient eu connaissance de ces agissements, sans jamais les signaler. Ce silence collectif a permis au professeur de poursuivre ses abus pendant plus de quinze ans.
Aujourd’hui, plusieurs anciens élèves, deux associations de parents et une ex-professeure se tournent vers la justice administrative. Ils estiment que l’Éducation nationale a failli dans sa mission de protection. Une commission parlementaire et l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche pointent désormais de graves manquements. Pour les victimes, cette procédure vise à faire reconnaître les complicités passives et l’inaction d’un système censé les défendre.
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