L’adolescent de 16 ans amoureux d’une femme lourdement handicapée, s’est dit samedi "satisfait", au lendemain d’une décision de justice lui permettant de vivre avec sa dulcinée de 20 ans son aînée, se demandant comment on pouvait "juger un amour".
BREST (AFP) - L’adolescent de 16 ans amoureux d’une femme lourdement handicapée, s’est dit samedi "satisfait", au lendemain d’une décision de justice lui permettant de vivre avec sa dulcinée de 20 ans son aînée, se demandant comment on pouvait "juger un amour".
"Je comprends qu’il y ait des doutes, des a priori, mais on ne peut pas juger un amour", explique Laurent (prénom d’emprunt) qui fêtera ses 17 ans en juillet, interrogé au téléphone par l’AFP.
Vendredi, la juge des enfants de Quimper a renoncé à placer dans un foyer ou une famille d’accueil ce lycéen qui continue son histoire passionnelle avec Juliette (prénom d’emprunt). "L’amour est plus fort que la loi", avait-il clamé au lendemain du procès intenté contre sa compagne.
Le 2 février, le tribunal correctionnel de Brest avait condamné Juliette à deux mois de prison avec sursis pour "soustraction d’enfants" et avait ordonné le placement du jeune homme en foyer. Juliette a fait appel de sa condamnation.
"La justice n’a pas eu la franchise de dire que c’est le handicap de Juliette qui posait problème", expliquait le lycéen quelques jours après le jugement.
La décision de justice n’a pas empêché Laurent de voir régulièrement son amie, née sans bras et avec une seule jambe atrophiée.
"Je n’attends qu’une chose : que la décision de la juge de Quimper permette la relaxe de Juliette lors de son procès en appel", explique le jeune homme.
"Moi aussi je suis satisfaite : Laurent n’aura plus affaire aux services sociaux, aux juges. Mais pour moi, ce n’est pas fini", regrette Juliette, interrogée samedi par l’AFP.
Leur histoire a débuté en 2008, lorsque les deux amoureux se rencontrent via un forum internet consacré à l’actrice Sophie Marceau dont ils sont fans.
Laurent avait alors quitté le domicile de son père qui s’opposait violemment à cette relation. Alertée, une juge l’avait placé en internat la semaine, dans une famille d’accueil le week-end.
Mais le jeune homme passait les fins de semaine chez son amie, en instance de divorce, qui avait quitté le centre de la France pour emménager dans un appartement à Brest.
"Aujourd’hui, c’est une nouvelle page qui s’ouvre", explique Laurent qui vient de quitter Brest pour s’installer dans le Loir-et-Cher avec sa "copine".
"Que de temps perdu !", regrette-t-il. "Quand on va voir les juges, il faut se préparer mentalement, préparer des discours... Mais finalement, je suis content car ça m’a formé à beaucoup de choses, on apprend à rien lâcher", confie ce jeune homme que son physique et sa personnalité font paraître plus âgé.
"Le dernier rendez-vous avec la juge, je n’ai rien préparé, j’ai parlé avec le coeur", confie-t-il. Il reconnaît cependant que la médiatisation a servi leur histoire d’amour.
Il va maintenant poursuivre sa scolarité en première scientifique tout en aidant Juliette à préparer son procès en appel dans quelques mois.
Le jeune homme se réjouit surtout qu’après ses 18 ans, il n’ait "plus de comptes à rendre à personne".
