Un juge des libertés et de la détention (JDL) a pris hier la décision de libérer et de placer sous contrôle judiciaire le second braqueur présumé du casino d’Uriage-les-Bains provoquant la colère des policiers et du parquet qui a immédiatement fait appel.
Monsif Ghabbour, 25 ans, est soupçonné d’avoir participé au braquage du casino d’Uriage aux côté de Karim Boubouda, tombé sous les balles de la police la nuit du 15 au 16 juillet. La mort du braqueur était la cause des trois nuits de violences urbaines dans le quartier de Villeneuve durant lesquelles les policiers avaient essuyé des tirs à balles réelles. Ghabbour n’a été interpellé que mardi à Voreppe en Isère, à une quinzaine de kilomètres de Grenoble, soit un mois et demi après le braquage. La décision de libérer le suspect a été pris dans la soirée à l’encontre du parquet qui avait requis son placement en détention provisoire. Le JDL a alors exigé que Ghabbour réside chez son frère et pointe deux fois par semaine au commissariat. Par ailleurs, il ne doit pas se rendre dans le quartier de Villeneuve et ne doit rencontrer aucune des personnes citées dans la procédure. Cette décision est saluée par Me Denis Dreyfus, l’avocat du suspect, qui avance que le dossier visant son client est basé sur des rumeurs.
Toutefois, sur instruction du Ministère de la Justice, le parquet a fait appel. Le Procureur général de Grenoble, Martine Valdès-Boulouque, a jugé la remise en liberté "absolument inacceptable compte tenu des charges très graves qui pèsent" contre Monsif Ghabbour d’autant plus que ce dernier est un multirécidiviste déjà condamné à sept reprises. Le Ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux s’est dit indigné à l’annonce de la libération. "Cette affaire démontre une nouvelle fois que certes, la protection de nos concitoyens doit passer par l’action déterminée et très professionnelle de la police et de la gendarmerie, mais impose aussi des décisions de justice mettant effectivement les délinquants hors d’état de nuire", indique-t-il dans un communiqué.
Quant aux policiers, cette décision a provoqué la colère dans leurs rangs. Les différents syndicats de policiers sont unanimes sur le sujet. "Les policiers sont écœurés" déclare le secrétaire général de Synergie (second syndicat d’officiers de police), Patrice Ribeiro. Ce dernier indique que c’est l’absence de réponse pénale qui est à l’origine des problèmes de sécurité en France et ajoute que "certains magistrats trahissent la mission dont ils sont investis et sabotent systématiquement le travail des policiers". Dans un même registre Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d’Alliance (Second syndicat de gardiens de la paix), accuse les magistrats qui selon lui "se livrent à une croisade anti-policière". De son côté, Nicolas Comte, secrétaire général d’Unité police SGP-FO (premier syndicat des gardiens de la paix), s’est demandé si les policiers "devaient encore prendre des risques pour interpeller les truands".