Trois journalistes de Mediapart, dont un ex-journaliste du site, ont été mis en examen hier pour atteinte à l’intimité de la vie privée de Liliane Bettencourt, dans le cadre de la retentissante affaire Bettencourt. Les prévenus, qui nient les accusations, s’interrogent si le journalisme est considéré comme un délit.
Ces trois nouvelles mises en examen dans le cadre de ce dossier tentaculaire concernent Edwy Plenel, le directeur du site Mediapart, Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart et Fabrice Lhomme, ancien journaliste de Mediapart, aujourd’hui au Monde.
La justice leur reproche d’avoir publié de larges extraits des enregistrements clandestins réalisés dans le domicile de l’héritière de l’Oréal par le majordome Pascal Bonnefoy vers la mi-2009 à mi-2010, dans le but de démontrer les abus de faiblesse exercés par le photographe François-Marie Banier à l’encontre de Liliane Bettencourt.
Les trois journalistes sont poursuivis pour atteinte à l’intimité de la vie privée de Liliane Bettencourt pour avoir divulgué dans la presse ces enregistrements.
Mardi à Paris, Mediapart a annoncé lors d’une conférence de presse son intention de lancer « sa contre-attaque » : une plainte pour dénonciation calomnieuse a été déposée auprès du procureur de la République de Bordeaux. Les deux prévenus Fabrice Arfi et Edwy Plenel ont demandé à être requalifié comme « témoin assisté », pour ne pas être « mis en examen », mais sans succès.
A l’issue de l’audition, Edwy Plenel a estimé que « les juges ont paru ébranlés mais qu’ils étaient prisonniers des décisions qu’ils avaient déjà prises concernant d’autres confrères ». Il faut savoir que le 29 mars dernier, le directeur et le rédacteur en chef du Point, Franz Olivier Giesbert et Hervé Gattegno, avaient déjà été mis en examen pour la publication de ces extraits d’enregistrements sur Liliane Bettencourt. De son côté, Fabrice Arfi a évoqué sa détermination « d’utiliser tous les moyens de droit » pour contrer ces mises en examen.
A l’issue de troisheures d’audition, les trois journalistes se demandent si la justice considère le journalisme comme un délit. « On a le sentiment d’être mis en examen pour avoir fait notre travail », affirme Fabrice Arfi, qui dit ne pas comprendre « en quoi les éléments publiés par Mediapart relèvent en quoi que ce soit de la vie privée », « sauf à considérer que le journalisme puisse être un délit ».
Quant à Fabrice Lhomme, co-auteur des articles avec M. Arfi, il a déclaré qu’il « était nécessaire de publier les enregistrements ». « J’estime que de manière générale il n’est pas souhaitable (de publier des conversations privées) mais qu’il peut y avoir des situations exceptionnelles », comme « c’est le cas » dans l’affaire Bettencourt argumente-t-il.