Illustration - Mourad ALLILI/SIPA
Une affaire choquante secoue le lycée Joseph-Marie Carriat à Bourg-en-Bresse. Un élève est suspecté d’avoir utilisé une intelligence artificielle pour créer des montages dénudés de ses camarades.
Dix jours après un signalement émis par le proviseur, la police a enregistré trois plaintes et identifié dix-neuf victimes. Les adolescents concernés ont vu leur image altérée par un procédé d’hypertrucage réaliste, aussi appelé deepfake. Les visages des lycéens étaient apposés sur des corps nus, à l’aide d’une intelligence artificielle.
Le suspect, élève de terminale, aurait modifié des clichés personnels pour les détourner. Il partageait ensuite ses créations sur Telegram, une messagerie cryptée. Selon le parquet de Bourg-en-Bresse, les fichiers ont été diffusés sans le consentement des personnes concernées.
Connu pour prendre régulièrement ses camarades en photo, le jeune homme aurait constitué une banque d’images sur son ordinateur. Le contenu découvert a provoqué un grand trouble dans l’établissement. Des élèves, inquiets pour leur vie privée, redoutent de voir leur image manipulée. Le jeune homme était fier de ses créations. Il s’en vantait auprès de ses amis.
L’adolescent a porté plainte pour vol après la disparition de son disque dur. Il affirme aussi avoir été menacé de mort à la suite de ces révélations. En attendant une décision du conseil de discipline, le rectorat de Lyon a confirmé son exclusion provisoire.
La procureure Karine Malara a annoncé l’ouverture de deux enquêtes distinctes. La première concerne les faits d’atteinte à la vie privée et la diffusion d’images pornographiques de mineurs. La seconde vise les faits de vol et de menaces criminelles signalés par le suspect lui-même.
La justice devra établir qui a diffusé les montages. Depuis le printemps 2024, la diffusion en ligne de deepfakes est punie de deux ans de prison et 45 000 euros d’amende, en vertu d’une nouvelle loi. Si les images ont un caractère sexuel, les peines peuvent être alourdies.