A la veille de leur comparution devant le juge bordelais en charge du dossier Bettencourt, un journaliste et le directeur de la rédaction de Mediapart ont décidé de contre-attaquer pour « dénonciation calomnieuse », rapporte 20 minutes. « Il n’y a aucune raison de nous mettre en examen pour atteinte à l’intimité de la vie privée », a soutenu mardi Edwy Plenel lors d’une conférence de presse à Paris.
Visés pour « atteinte à l’intimité de la vie privée », dans le volet financier de l’affaire bettencourt, pour avoir porté au grand jour les conversations téléphoniques de la milliardaire française en 2010, Fabrice Arfi et Edwy Plenel, respectivement journaliste et directeur de la rédaction chez Mediapart, ont annoncé ce mardi qu’ils porteront plainte pour dénonciation calomnieuse.
« Mediapart n’a posé aucun micro, n’a enregistré personne », ont-ils rappelé ce mardi devant la presse, en référence aux enregistrements faits par l’ancien majordome de la riche héritière. En publiant ces bandes sur son site, Mediapart a surtout « permis à ce que le débat public soit, dans l’affaire Bettencourt, centré non pas sur l’histoire d’une intimité, non pas autour d’une histoire de relation de vieille dame avec un courtisan, ou de conflit entre une vieille dame et sa fille, mais autour d’une question qui concerne la République », ont-ils renchéri.
« Nous, journalistes, qu’aurions-nous dû faire quand on apprend que Mme Bettencourt fraude le fisc dans des proportions vertigineuses ? Qu’aurions-nous dû faire quand nous apprenons qu’il y a des soupçons sur le financement du président de la République et de la majorité présidentielle ? », s’est demandé le journaliste Fabrice Arfi.
Selon francetv.fr, les conversations privées que l’ancien majordome de Bettencourt avait enregistrées à son insu entre mi-2009 et mi-2010, révèlent effectivement l’existence de plusieurs chèques que la milliardaire aurait donnés à l’UMP.
Le point et Médiapart ont eu à leur possession une copie des ces bandes et les ont publiées chacun à leur tour en juin 2010, estimant que cela « était utile et nécessaire ».
Mais la Cour de cassation voit dans cette démarche une «
atteinte à l’intimité de la vie privée ». Du coup, les choses ont pris une autre tournure pour les deux médias. Jeudi dernier,
le directeur et le rédacteur en chef du Point ont été mis en examen à Bordeaux. Ce 5 avril, Fabrice Arfi et Edwy Plenel du Médiapart sont convoqués à leur tour par le juge d’instruction du tribunal de Grande instance de Bordeaux, Jean-Michel Gentil.
Intervenu sur le plateau de La Matinale de Canal + ce mardi, Nicolas Sarkozy a affirmé que les comptes de sa campagne en 2007 « sont tellement exacts que personne n’y a trouvé à redire, il n’y a pas eu un contentieux ». « Le Conseil constitutionnel a confirmé ces comptes », a-t-il rappelé. Le candidat UMP a d’ailleurs qualifié de« boule puante » les allégations faites sur un soi-disant financement illicite de sa précédente campagne.