Cinq journalistes sont actuellement mis en cause dans l’affaire Liliane Bettencourt pour avoir publié des extraits d’écoutes téléphoniques effectuées au domicile de la milliardaire par son majordome. Jeudi, le directeur et le rédacteur en chef du Point ont été mis en examen à Bordeaux pour « atteinte à l’intimité de la vie privée ». Trois de leurs confrères du site Médiapart seront également convoqués le 5 avril prochain pour le même motif.
Au terme d’environ une heure et demie d’audition au parquet de Bordeaux, Franz-Olivier Giesbert et Hervé Gattegno, respectivement directeur et rédacteur en chef du « Point », ont été mis en examen pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » dans l’affaire Bettencourt.
Selon francetv.fr, l’ancien majordome de Liliane Bettencourt voulait prouver aux proches de cette dernière que des gens malintentionnés n’en avaient qu’à sa fortune et essayaient à tout prix de profiter de sa faiblesse psychique pour lui soutirer de l’argent. Cet ancien employé avait alors décidé d’enregistrer les conversations privées de sa patronne entre mi-2009 et mi-2010.
Les enregistrements ont effectivement révélé l’existence de plusieurs chèques que la milliardaire aurait donnés à l’UMP. La plupart des conversations interceptées incriminent lourdement l’ancien ministre du Travail, Eric Woerth ainsi que son épouse, Florence.
L’auteur de ces écoutes téléphoniques avait donné par la suite les pièces à la fille de Liliane Bettencourt qui, après les avoir confiées à la police, a entamé des poursuites judiciaires contre toutes les personnes ayant été mises en cause dans les enregistrements. Le volet financier de l’affaire Bettencourt voit dès lors le jour.
Mais des extraits de ces conversations parviennent étonnamment à Mediapart et au Point le 16 juin 2010 qui les publient chacun à leur tour. D’ailleurs, une page spéciale dédiée à cette affaire a été exceptionnellement publiée dans le Point le 1er juillet de la même année.
Les deux medias avaient estimé que la publication de ces bandes « était utile et nécessaire ». D’ailleurs, le tribunal de Paris et la cour d’appel leur avaient donné raison dans un premier temps mais la Cour de cassation en avait décidé autrement. Pour cette instance, « l’information du public n’était pas un but légitime suffisant pour justifier la publication de ces enregistrements ». Leur large diffusion était dès lors considérée comme une « atteinte à l’intimité de la vie privée ».
Le 5 avril prochain, Edwy Plenel et Fabrice Arfi, respectivement directeur et journaliste de Mediapart, ainsi que Fabrice Lhomme, un autre journaliste du Monde mais ayant travaillé pour le compte du site au moment des faits, seront convoqués à Bordeaux pour les mêmes motifs.