La mère de l’un des kamikazes au stade de France lors des attentats de Paris a réclamé la dépouille de son fils qui "est toujours à Paris" pour pouvoir l’enterrer au Maroc.
Fatima Hadfi, la mère de Bilal Hadfi, s’est confiée samedi sur la chaîne Maghreb TV, une chaine belge destinée à la communauté maghrébine de Belgique. Au cours de son intervention, la mère du kamikaze a lancé un appel à l’Etat français pour lui rendre la dépouille de son fils. Plus précisément, elle veut enterrer son fils au Maroc. "On fait le nécessaire, mais rien ne bouge. On a fait le nécessaire avec le Consulat marocain, les autorités françaises, avec les pompes funèbres, avec les banques", confie-t-elle.
La mère évoque également le parcours "incompréhensible" de son fils. Selon elle, Bilal Hadfi, âgé de 20 ans, avait un mal être profond, mais qu’elle ne se doutait de rien. "Je n’ai rien remarqué. Rien. Tout est fait pour qu’on ne voit rien. Je me suis reproché le fait de ne pas avoir été assez à l’écoute. Et pourtant, j’étais proche de lui. (...) Cela faisait 9 mois qu’il était en Syrie. On me l’a arraché", dit-elle en pleurs.
Comme elle l’explique, aucun signe extérieur ne laissait croire au virage extrême de son fils. "On ne peut pas prévoir la radicalisation d’un enfant. On a réussi à déstabiliser le mien. Il n’a jamais réussi à avoir un travail, il se faisait contrôler pour rien. (...) On lui disait qu’il était Belge quand il était au Maroc, et on lui disait qu’il était Marocain quand il était en Belgique", précise-t-elle.
A la question si elle culpabilise, Fatima Hadfi répond : "Oui, je culpabilise". Elle ajoute que malgré tout son amour qu’elle porte pour ses enfants, la seule coupable c’est elle. "J’aime mes enfants plus que ma propre vie. Je ne trouve pas de coupables, alors c’est ma faute, c’est la mienne", confie-t-elle.
Au terme de l’interview téléphonique, la mère de l’un des kamikazes au Stade de France lors des attentats de Paris a précisé qu’il n’y a aucun indice pour donner l’alerte. "Si j’avais su, j’aurais tout bloqué", assure-t-elle. "C’est seulement par la suite que je me suis rappelé qu’il ne m’avait pas montré son billet d’avion par exemple. Pourtant je suis une maman assez embêtante. Je dérange beaucoup mes enfants. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas cherché à savoir. Il fumait du shit, il buvait de l’alcool, il priait une fois sur deux. Mais avant de partir, il avait arrêté tout ça. Je trouvais ça bénéfique. Ce n’était pas de la radicalisation", conclue-t-elle.