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Mis en examen pour chantage et extorsion de fonds envers le roi du Maroc, les journalistes d’investigation Eric Laurent et Catherine Graciet ont donné leur version des faits et évoquent notamment leur souhait de publier le livre controversé.
Les deux journalistes français, Eric Laurent et Catherine Graciet, ont été mis en examen et sont poursuivis pour tentative de chantage sur le roi du Maroc, Mohammed VI. Soupçonnés d’avoir demandé trois millions d’euros en échange de la non-publication d’un livre à charge contre Mohammed VI, les deux journalistes ont fait valoir leurs versions des faits dans deux interviews sur Le Monde et Le Parisien. Bien qu’ils aient interdiction d’entrer en contact, les deux journalistes semblent être sur la même longueur d’onde : ils nient tout "chantage" et souhaiteraient sortir le livre malgré l’ampleur de l’affaire.
Eric Laurent et Catherine Graciet crient au complot
Les deux journalistes incriminés affirment que l’argent leur a été proposé par le royaume du Maroc. Selon eux, ils sont tombés dans "un piège" tendu par la monarchie marocaine, même si les enregistrements affirment qu’il y a eu négociations. "A aucun moment il n’y a dans ces enregistrements une volonté de ma part de faire chanter le roi du Maroc à travers un de ses avocats", se défend Eric Laurent dans Le Monde. Le journaliste d’investigation évoque "une tentation, pas du chantage".
De son côté, Catherine Graciet avoue aussi s’être "laissée tenter". "J’ai eu un accès de faiblesse", affirme-t-elle dans les pages du Parisien. "C’est humain non ? Chacun se demande ce qu’il ferait de sa vie avec deux millions d’euros. Je suis tombée dans un piège. Quand la police nous a interpellés dans le hall (...), j’ai compris la manipulation : la police en embuscade, les écoutes, le traquenard", confie le co-auteur du livre.
Leur souhait : sortir le livre
Malgré le tumulte qui entoure ce fameux livre intitulé Le roi prédateur, main basse sur le Maroc, les deux journalistes veulent le publier. Eric Laurent prétend avoir la ferme intention de terminer et de publier l’ouvrage : "Je serais maintenant vraiment partisan de le sortir et j’en aurais très envie…". Il défend d’ailleurs le sérieux de son travail. "Cela fait 25 ans que je fais des livres d’enquête, et je crois qu’aucun n’a été contesté", fait-il valoir. Quant à Catherine Graciet elle se serait fait la promesse que leur livre sortira.
Les deux journalistes se sont pourtant engagés par écrit à "ne plus rien écrire sur le roi du Maroc", en échange de deux millions d’euros. Un deal conclu jeudi au cours d’un dernier rendez-vous, pendant lequel l’avocat du Maroc leur a remis une enveloppe de 40 000 euros chacun. Mais entre-temps, Rabat avait déposé plainte et le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire. Les deux journalistes ont été arrêtés en situation de flagrant délit à la sortie de ce dernier rendez-vous.