Vingt ans se sont écoulés depuis que deux familles ont été victimes d’un échange de bébés à la maternité. Actuellement, elles attendent réparation ; le jugement sera rendu le 10 février.
La fille d’un autre couple
Dix ans après avoir accouché, Sophie Serrano apprend que sa fille Manon aurait été échangée avec une autre à la maternité privée de Cannes. Elle a ainsi élevé en toute ignorance la fille d’un couple réunionnais tandis que la sienne vivait dans un autre foyer.
Si les deux familles se sont déjà rencontrées, elles n’ont jamais pensé à un échange. A ce jour, les filles ont actuellement 20 ans. Leurs parents respectifs ont alors réclamé plus de 12 millions d’euros de dommages et intérêts avec la poursuite judiciaire de deux gynécologues, deux pédiatres, l’auxiliaire puéricultrice, la clinique et son assureur. Le jugement devra être rendu ce 10 février par le tribunal de Grasse.
Sophie Serrano, l’une des mères, témoigne
Dans une interview rapportée par Le Point, Sophie Serrano a raconté leur histoire. Agée de 18 ans et fatiguée de l’accouchement, la jeune femme aurait été séparée de son bébé, victime d’une jaunisse, dans un premier temps. Sa fille, tout comme l’autre bébé, avait été placée dans une couveuse munie de lampes UV.
Le corps médical aurait argué l’effet des UV quand les deux mères avaient demandé respectivement et séparément la raison pour laquelle les nourrissons avaient plus ou moins de cheveux d’un jour à l’autre. Concernant le bracelet de naissance, la jeune femme avait expliqué qu’on les mettait à la cheville et qu’ils étaient moins fiables à cette époque. "Nous nous sommes aperçus en regardant les photos que, dès les premiers jours, un des deux bébés n’avait plus le sien.", avait déclaré Sophie.
Les signes qui ont permis de découvrir la vérité
A la naissance de Manon et dans les années qui ont suivi, la petite fille ne présentait aucune caractéristique de ses parents. Teint mat et cheveux frisés, l’enfant a commencé à être le sujet de dispute de ses parents. Le compagnon de Sophie, à l’époque, l’avait même accusée de le tromper avec le facteur. Le couple a même fini par se séparer. Devant le refus du père de payer la pension alimentaire de Manon à 8 ans, Sophie a décidé de passer par un test ADN. Le voile a été alors levé : elle n’est pas la mère biologique de la petite fille.
Même si les doutes sont nombreux, Sophie Serrano se rappelle des détails qui se sont déroulés à la maternité et a ainsi décidé de porter plainte. Placés dans la même couveuse, les deux bébés auraient été mélangés par une auxiliaire de puériculture, fragile et alcoolique chronique, à l’époque.
Par rapport aux échanges des filles, les deux familles n’en sont pas encore à cette mesure face à cette douloureuse épreuve traversée ensemble. Si la clinique n’a présenté aucune excuse aux deux familles, celles-ci entendent ne pas se laisser faire.