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Face au vieillissement démographique et à la baisse de la natalité, la France devra continuer à s’appuyer sur une immigration de travail encadrée.
Le think tank Terra Nova propose une feuille de route chiffrée pour maintenir l’activité économique de la nation française.
D’après l’association française, il faudra recruter entre 250.000 et 310.000 travailleurs immigrés chaque année jusqu’en 2040-2050. Ce seuil permettrait de maintenir le ratio entre actifs et inactifs à son niveau actuel. Sans cet ajustement, l’équilibre du modèle social français serait menacé. Le rapport, publié ce lundi, s’appuie sur des projections prenant en compte l’évolution de la natalité et le vieillissement de la population.
En 2022, l’Insee enregistrait 331.000 immigrés en France. Une tendance qui montre déjà l’ampleur du phénomène. Terra Nova insiste sur la nécessité de ne pas « ouvrir les frontières à tous les vents », mais de maintenir une politique ciblée sur les besoins du marché du travail.
Les auteurs du rapport de Terra Nova insistent sur le rôle crucial de la main d’œuvre étrangère dans certains secteurs, précisant que "sans travailleurs immigrés, notre économie vacille". Ils rappellent que les employés étrangers sont représentés en fort nombre dans des métiers en tension, tels que les aides à domicile (61% en Île-de-France). Les ouvriers du BTP et les agents de propreté, ne sont pas en reste. Ce constat s’étend également aux professions qualifiées, puisqu’un médecin sur cinq exerçant en France est diplômé à l’étranger. Dans les professions médicales, un médecin sur cinq exerçant en France a décroché son diplôme à l’étranger.
Mais elle pourrait s’aggraver avec la progression des départs à la retraite. France Stratégie, dans une étude de 2022, prévoyait une amplification des pénuries de main-d’œuvre dans les années à venir. Une approche d’une immigration "choisie" en fonction des besoins du marché du travail semble d’autant plus pertinente.
La question de l’acceptabilité sociale reste cruciale. Selon une enquête menée en mars 2025 par le Crédoc pour Terra Nova, une large majorité des Français surestiment la part des immigrés dans la population. Alors qu’elle est de 10,7 % selon l’Insee, 35 % des sondés la situent au-delà de 25 %.
Ce décalage alimente des peurs souvent infondées. Toutefois, l’étude révèle aussi un soutien croissant à une immigration « choisie » en fonction des besoins économiques. Un signe que la population pourrait être réceptive à une stratégie d’accueil ciblée, à condition qu’elle soit mieux expliquée et encadrée.
Source : Le Figaro