L’état des finances publiques est le sujet brûlant de la campagne dans ce pays d’Europe centrale, dirigé par le gouvernement intérimaire de Jan Fischer, depuis la chute du cabinet de Mirek Topolanek (ODS, droite) en mars 2009, en pleine présidence tchèque de l’UE.
PRAGUE (AFP) - Appelés à voter ce vendredi et samedi pour les législatives, les Tchèques auront à choisir entre les promesses d’avantages sociaux de la gauche et les appels à la rigueur de la droite qui met en garde contre le risque d’un scénario grec.
L’état des finances publiques est le sujet brûlant de la campagne dans ce pays d’Europe centrale, dirigé par le gouvernement intérimaire de Jan Fischer, depuis la chute du cabinet de Mirek Topolanek (ODS, droite) en mars 2009, en pleine présidence tchèque de l’UE.
"Le recours (de la droite) à la menace d’une banqueroute de l’Etat nuit non seulement à la réputation de la République tchèque à l’étranger, mais c’est aussi un non-sens économique", affirme le chef des sociaux-démocrates du CSSD Jiri Paroubek.
Promettant une hausse des retraites et des allocations de chômage, les sociaux-démocrates partent favoris pour ces élections. Ils se déclarent aussi pour une augmentation des impôts et une utilisation plus efficace des fonds européens.
"Le programme de la gauche fait fortement augmenter les dépenses, l’évolution des finances publiques risque de devenir insoutenable", rétorque le leader d’ODS, Petr Necas, avant de mettre en exergue la nécessité selon lui de réformes du marché du travail, de la santé publique et des retraites.
"Nous sommes convaincus que si le programme du CSSD se réalise, l’évolution des finances publiques conduira à une baisse de notation de la République tchèque et très probablement au scénario grec", a averti M. Necas, lors d’un récent entretien avec l’AFP.
Les sociaux-démocrates arguent que l’endettement de la République tchèque est l’un des moins élevés parmi les pays de l’UE, représentant 35,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2009.
Mais sa proportion augmente rapidement : en 2008, la dette ne s’élevait qu’à 30% du PIB. Le déficit public a atteint l’an dernier 5,9% du PIB, largement au-dessus de la prévision initiale de 1,6%, établie avant le début de la crise.
"Si l’on ne fait rien avec nos finances publiques, nous risquerons de nous retrouver dans une position similaire (à celle de la Grèce)", a déclaré à l’AFP David Marek, analyste du groupe financier Patria Finance.
"Pour la République tchèque, le cas grec signifie une plus grande prudence sur le plan des dépenses et des finances publiques", ajoute l’analyste de la banque UniCredit Bank, Pavel Sobisek, interrogé par l’AFP.
Après une contraction de 4,2% du PIB en 2009, la banque centrale tchèque (CNB) prévoit une croissance de 1,4% cette année et de 1,8% en 2011.
Mais selon l’institut d’émission, le ratio dette publique-PIB augmentera à 39,6% cette année et à 43,4% en 2011, avec un déficit public inchangé à 5,9% du PIB en 2011, si aucune mesure budgétaire n’est prise.
Citant parmi ses instruments la croissance, les investissements et les fonds de l’UE, le CSSD affiche la volonté de réduire le déficit public à 3% du PIB dès 2013, pour que la République tchèque puisse adopter l’euro en 2015-16.
L’ODS souhaite quant à lui parvenir à un déficit public inférieur à 3% du PIB dès 2012, par le biais de coupes dans les dépenses sociales et les budgets ministériels.
"Nous voulons avoir des finances publiques stables, remplir les critères de Maastricht, avoir des budgets équilibrés, mais avant tout dans notre propre intérêt. L’adoption de l’euro n’en serait qu’un effet secondaire", affirme M. Necas, se qualifiant lui-même d’"euroréaliste".
Selon M. Marek de Patria Finance, "le programme de l’ODS reflète plus correctement la réalité économique" du pays.
"La formation d’un gouvernement avec un mandat fort et d’une coalition relativement cohérente qui aurait le courage de prendre des mesures impopulaires", sont selon lui les conditions nécessaires à un assainissement rapide des finances publiques de la République tchèque.