Les mesures anti-déficit annoncées par le premier ministre François Fillon ont provoqué un déferlement de réactions majoritairement hostiles, en particulier du côté de l’opposition.
Marine Le Pen, présidente du Front national (FN), dénonce une "nouvelle charge contre les classes moyennes" qui, selon elle, font les frais de la "gestion calamiteuse de la crise" par le gouvernement. "Dans la précipitation, pour complaire aux marchés, le gouvernement annonce des mesures qui accableront les Français à qui on ne cesse déjà de demander des sacrifices : les classes moyennes. La hausse des prix de certains produits de grande consommation est particulièrement mal venue", déclare-t-elle.
Pour Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste (PS), " La France a officiellement plongé dans l’austérité. Le seuil de tolérance des Français aux orientations et au cynisme du gouvernement va être franchi à la lecture des mesures proposées ". Il estime que " Le vrai bilan de ce gouvernement, c’est 0% de croissance et 4 millions de chômeurs. Et parmi les mesures qu’il propose, la taxe sur les hauts revenus est emblématique de son cynisme puisqu’elle ne rapportera à l’Etat que 200 millions d’euros en 2012, quand le chèque fait aux plus riches est de 1,8 milliard d’euros ".
Le président du MoDem, François Bayrou, critique de son côté "un plan de rustines". " Au lieu d’avoir un grand plan cohérent et ambitieux, compréhensible par tous les Français", la mesure du gouvernement "était faite pour que le citoyen n’y comprenne rien, même le citoyen le plus averti ". "C’est un plan de rustines : on va mettre des taxes sur les sodas, augmenter les prix du tabac pour la 1000e fois, raboter ici ou là...", réagit-il.
Eva Joly, candidate d’Europe-Ecologie-les Verts (EELV) à la présidentielle, fustige des mesures " cosmétiques ". " La remise en cause du ’travailler plus pour gagner plus’ ou la taxation des revenus extravagants sont cosmétiques, mais elles confirment la défaite de l’idéologie du candidat Sarkozy ", écrit sans fard l’eurodéputée dans un communiqué.
" Ni anticipation, ni vision, ni volonté : prisonnier du court terme et de ses arrière-pensées électorales, le Premier ministre n’a pas su prendre la mesure de la situation ", continue-t-elle. L’ancienne magistrate déplore que " le gouvernement fait reposer les effets de la crise sur les couches de la population les plus vulnérables et coupe dans les aides aux économies d’énergie. Mais il préserve les niches fiscales favorables aux plus aisés, les niches polluantes, les niches électoralistes ou la niche Copé, symbole d’une Europe de la concurrence fiscale ".
Même virulence de la part de Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, qui estime que "la politique d’austérité qui vient d’être décrétée, étranglant le budget de l’Etat et des collectivités territoriales", se présente comme "un contre-sens dramatique". "Elle creusera les inégalités sociales. Ainsi sur 11 milliards de coupes claires définitives, les riches ne donneront que moins de 10% et encore à titre provisoire. Les riches ne paient que pour un temps et les autres pour toujours. Rien sur les banques rien, sur les superprofits des très grands groupes", commente le député européen. D’après lui, le plan d’austérité annoncé par François Fillon "va approfondir la récession économique et donc creuser les déficits".
Hormis ces réactions négatives, le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, salue un "discours de vérité" de François Fillon, qui s’est exprimé "sous l’impulsion" de Nicolas Sarkozy. Dans un communiqué, il se réjouit des "décisions courageuses, responsables et justes annoncées par le Premier ministre, sous l’impulsion du président de la République, pour réduire notre dette et préserver l’avenir de notre pays, dans la droite ligne de la gestion rigoureuse menée par la majorité depuis 2007". "C’est seulement au prix de ces efforts indispensables que la France pourra tenir ses engagements de maîtrise de la trajectoire de la dette publique, mettre fin aux attaques des spéculateurs et conserver à la France la notation ’AAA’ (...), gage de la crédibilité financière de notre pays et de la ’soutenabilité’ de notre dette sur le long terme", estime-t-il.