Le nombre d’emplois salariés en France a continué à diminuer début 2010 pour le 8e trimestre consécutif selon une estimation provisoire de l’Insee diffusée mardi, mais le rythme de baisse s’est ralenti et le travail en intérim, au creux de la vague depuis la crise, semble reprendre.
PARIS (AFP) - Le nombre d’emplois salariés en France a continué à diminuer début 2010 pour le 8e trimestre consécutif selon une estimation provisoire de l’Insee diffusée mardi, mais le rythme de baisse s’est ralenti et le travail en intérim, au creux de la vague depuis la crise, semble reprendre.
Après une année 2009 meurtrière pour l’emploi, le solde net des créations et destructions de postes dans les secteurs marchands s’est inscrit à -9.700 postes au premier trimestre (-0,1% au cours du trimestre, -1,3% sur un an).
Cette "estimation flash", susceptible d’être révisée, fait apparaître un total de 15,839 millions de salariés dans les secteurs marchands fin mars, ce qui ramène l’économie française cinq ans en arrière.
Depuis la crise en 2008, plus d’un demi-million d’emplois salariés ont été détruits.
Les secteurs marchands recouvrent les entreprises de toutes tailles et de toutes activités, hormis l’agriculture, l’administration, l’éducation, la santé et l’action sociale.
Comparé à début 2009, l’emploi s’inscrit en forte baisse dans l’industrie (-158.400 postes, -4,6% sur un an) et la construction (-49.800 ou -3,4%), sans que ce soit compensé par le tertiaire, intérim inclus (-900 ou 0% sur un an).
Si le chiffre du premier trimestre se confirme, il serait "plutôt une bonne surprise", selon Eric Heyer de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui s’attendait à pire, après des pertes de -20.400 emplois au 4e trimestre 2009, -79.800 au 3e, -99.100 au 2e et -158.300 au 1er.
Aucune reprise des créations d’emploi n’est cependant à attendre avant 2011 selon lui car "la reprise est molle, l’incertitude grande face à l’avenir et les entreprises continuent d’ajuster leurs capacités de production".
Dans le détail, les chiffres Insee montrent une poursuite des destructions d’emplois dans l’industrie (-29.100 au 1er trimestre) et la construction (-10.700), un rythme presque aussi élevé que l’an dernier.
Aucun secteur n’échappe au marasme, même pas le tertiaire hors intérim (-3.200). Seul l’emploi en intérim (+33.200) a compensé en partie ces pertes.
Ce regain du travail temporaire est le signe de "la reprise progressive de l’activité" selon la ministre de l’Economie et de l’Emploi Christine Lagarde.
Elle a observé "avec satisfaction" le ralentissement des destructions d’emploi au 1er trimestre 2010, qui "constitue un nouvel indicateur de stabilisation du marché du travail en début d’année", selon un communiqué.
Les salariés temporaires, pour la plupart des ouvriers, avaient été les premiers à perdre leur emploi début 2008.
Après quatre trimestres de fortes baisses, l’effectif de l’intérim s’est stabilisé au deuxième trimestre 2009 rappelle l’Insee. Depuis, cela remonte et la hausse a même été "forte" au premier trimestre (+33.200).
L’intérim a regagné environ 20% d’effectifs (+88.100) par rapport à début 2009 mais comparé à début 2008, il manque l’équivalent de 150.000 emplois.
L’intérim correspondait à 675.000 emplois avant la crise.
"La version optimiste c’est que la nouvelle hausse de l’intérim est un signe avant-coureur d’une reprise de l’emploi dans l’Hexagone", estime Alexander Law, économiste chez Xerfi.
Rien n’est moins sûr selon Eric Heyer (OFCE) car l’intérim est depuis les années 2000 "plus une variable d’ajustement qu’un indicateur avancé".
Et si les contrats temporaires permettent aux entrepreneurs de s’ajuster aux variations de la demande et aux salariés d’entrer ou de revenir sur le marché du travail, cette flexibilité à terme n’est pas sans danger pour l’appareil productif, car elle s’accompagne d’une dégradation de la qualité de l’emploi et de la productivité, selon un récent rapport du Conseil d’analyse économique (CAE).
