Le procès du crash du Concorde d’Air France en 2000 près de Paris s’achève cette semaine avec les plaidoiries de la défense, qui devraient donner lieu à un nouvel affrontement entre Continental Airlines, l’un des principaux prévenus, et la compagnie française, partie civile.
PONTOISE (AFP) - Le procès du crash du Concorde d’Air France en 2000 près de Paris s’achève cette semaine avec les plaidoiries de la défense, qui devraient donner lieu à un nouvel affrontement entre Continental Airlines, l’un des principaux prévenus, et la compagnie française, partie civile.
A partir de mardi, les avocats des trois prévenus français, puis ceux des trois prévenus américains plaideront la relaxe de leurs clients devant le tribunal correctionnel de Pontoise.
La semaine dernière, le parquet a requis 175.000 euros d’amende contre Continental Airlines, accusée d’avoir provoqué l’accident ayant fait 113 morts le 25 juillet 2000 à Gonesse (Val d’Oise) par une lamelle tombée d’un de ses DC10, qui aurait fait éclater un pneu du Concorde.
Les débris de pneu auraient perforé un réservoir, provoquant une importante fuite de carburant et l’inflammation de l’appareil.
Le procureur Bernard Farret, qui a accusé la compagnie américaine de "maintenance générale défectueuse" de ses DC10, a également requis 18 mois de prison avec sursis pour deux de ses employés, John Taylor, un chaudronnier qui a d’après lui mal fixé la lamelle, et son chef d’équipe Stanley Ford, qui a reconnu avoir validé son travail sans le vérifier.
Contre le "père" du Concorde Henri Perrier, 80 ans, qui dirigea pendant 16 ans le programme Concorde chez le constructeur Aérospatiale, le procureur a requis deux ans de prison avec sursis.
Il lui reproche de ne pas avoir tiré les leçons des incidents de pneus "à répétition" ayant émaillé la carrière du Concorde, notamment en renforçant les réservoirs pour les protéger d’éventuelles projections de débris.
M. Farret a en revanche demandé la relaxe des deux autres prévenus français, Jacques Herubel, ingénieur en chef qui était "sous l’autorité" de M. Perrier, et Claude Frantzen, ex-cadre de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC).
Les plaidoiries de la défense s’achèveront vendredi - dernier jour du procès entamé début février - par celle de l’avocat de Continental Airlines, Me Olivier Metzner.
La compagnie américaine récuse la thèse officielle de l’accident et affirme, sur la base de témoignages, que le Concorde était en feu environ 700 mètres avant d’avoir roulé sur la lamelle incriminée.
Selon la défense, le supersonique aurait été fragilisé par l’absence d’une pièce du train d’atterrissage, l’entretoise, que les mécaniciens d’Air France avaient oublié de remonter, et par des irrégularités sur la piste d’envol.
Durant le procès, les deux compagnies - concurrentes sur les liaisons transatlantiques - se sont reprochées des défaillances dans leurs politiques de maintenance.
La semaine dernière, la défense d’Air France, qui a perdu neuf membres d’équipage dans l’accident, a imputé à Continental l’entière responsabilité du crash et lui a réclamé 15 millions d’euros de dommages et intérêts pour atteinte à son image et sa réputation et réparation d’un préjudice de "dénigrement".
Pour son préjudice économique, Air France poursuit par ailleurs Continental devant le tribunal de commerce de Pontoise, qui a sursis à statuer jusqu’à la fin de la procédure pénale.
Vendredi, l’affrontement entre les deux compagnies a rebondi avec l’annonce du dépôt au parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) d’une plainte de Continental contre Air France pour "obstruction à la justice", après la disparition de documents liés à la navigabilité du Concorde.
Me Fernand Garnault, avocat d’Air France, a dénoncé "une manoeuvre grossière et dérisoire qui ne vise qu’à entraver le cours de la justice".