Pour aider les populations défavorisées à dialoguer avec administration et services publics, des entreprises ont ouvert depuis 15 ans des "PIMMS" dans des quartiers déshérités, et fortes de leurs succès, elles veulent maintenant les multiplier, y compris à la campagne.
PARIS (AFP) - Pour aider les populations défavorisées à dialoguer avec administration et services publics, des entreprises ont ouvert depuis 15 ans des "PIMMS" dans des quartiers déshérités, et fortes de leurs succès, elles veulent maintenant les multiplier, y compris à la campagne.
Les PIMMS, ou "Points information médiation multi-services", sont officiellement définis comme des "lieux conviviaux de médiation", destinés à la résolution des conflits liés à la vie quotidienne. En fait, des guichets communs mettant gratuitement des assistants sociaux à disposition.
"Le concept est né dans les années 1994-95 à Lyon", raconte Jean-Pierre Farandou, le directeur général de SNCF Proximités, qui préside actuellement l’Union des PIMMS.
"Il consiste à regrouper dans une association des entreprises de service public. Ces entreprises ont senti un besoin de réinventer des espaces de dialogue avec des populations qui avaient du mal à communiquer par les canaux habituels".
Le réseau des PIMMS, qui fête son quinzième anniversaire mardi, compte actuellement 37 antennes, surtout dans l’agglomération lyonnaise et dans la région parisienne, mais aussi à Brest, Caen, Saint-Etienne, Grenoble...
Les entreprises qu’ils rassemblent varient en fonction des circonstances : EDF, GDF Suez, Veolia Eau, la SNCF ou des sociétés de transport public.
Sur place, on trouve tout un tas de prospectus et aussi des ordinateurs. Mais le PIMMS n’a pas vocation à se transformer en cybercafé : l’accès à l’internet est strictement réservé aux démarches administratives. Surtout, des médiateurs sont là pour donner un coup de main.
"Tout est gratuit et nous recevons sans rendez-vous, sauf pour les dossiers de surendettement qui demandent un peu de préparation", précise Roxane, du PIMMS du XIIe arrondissement de Paris.
Leur domaine d’action va du simple renseignement sur des horaires aux relations avec la sécurité sociale, les caisses de retraite, la préfecture, les démarches pour obtenir un logement ou des papiers ... et même le remplissage des chèques. "On est des écrivains publics pour un peu tout", résume-t-elle.
Un soutien aussi psychologique : "On n’est pas formés pour", sourit Roxane. "Mais on a un rôle d’écoute très important !"
Ce rôle est "curatif et préventif", complète Philippe Monloubou, qui suit le dossier chez EDF.
Les médiateurs sont eux-mêmes des chômeurs en réinsertion. "Plus de 60% des gens qui ont fait de la médiation dans les PIMMS retrouvent du travail", relève Jean-Pierre Farandou.
Chaque PIMMS coûte de 80 à 150.000 euros par an, fournis pour moitié par les collectivités et pour moitié par les entreprises partenaires.
"Tout le monde y trouve son compte", témoigne Philippe Monloubou. "Les PIMMS ont pleinement leur place dans notre philosophie. Il s’agit de garantir l’accès de tous aux services publics, et donc à nos services."
L’an dernier, EDF a ainsi reçu via les PIMMS plus de 70.000 demandes d’arrangements à l’amiable, pour des à problèmes de paiement, précise-t-il. "C’est énorme !"
Et maintenant ? "Ces quinze dernières années de leur développement ont été une phase artisanale, de la belle ouvrage", constate Jean-Pierre Farandou. "L’objectif, c’est d’avoir au moins 100 PIMMS d’ici 2012. On a déjà une trentaine de projets dans la banque. Avec un coup de collier, on doit y arriver !"
Si les PIMMS gardent leur vocation première, servir les quartiers défavorisés, ils doivent aussi étendre leur territoire. La SNCF, partenaire de 25 d’entre eux, pousse d’ailleurs à l’ouverture de "PIMMS ruraux" dans des petites gares. Histoire de lutter contre la désertification des campagnes.