Les syndicats d’Airbus France ont appelé vendredi les salariés à la fin des grèves tournantes et des opérations de blocage de la production, après la proposition de la direction de rouvrir les négociations sur les salaires, a-t-on appris de sources syndicales.
TOULOUSE (AFP) - La direction et les syndicats d’Airbus en France ont décidé vendredi de renouer le dialogue après une semaine de grèves et de blocages de la production dont l’avionneur commençait à douloureusement ressentir les effets.
L’intersyndicale FO-CFE/CGC-CGT-CFDT-CFTC a appelé à la reprise du travail vendredi après-midi.
Direction et syndicats vont se retrouver mardi, à charge pour eux de s’entendre sur les augmentations de salaires de 2010 et de mettre fin à un conflit d’une rare intensité dans une conjoncture incertaine pour l’avionneur européen.
Depuis lundi, les salariés d’Airbus faisaient grève successivement sur les différents sites français, mais surtout bloquaient à Toulouse le hall de chargement et de déchargement des avions cargos Beluga, devenu le point névralgique du conflit.
Les Beluga apportent à Toulouse les tronçons d’avions fabriqués dans les autres usines du groupe. Avec le blocage du "hall C40", ce sont donc les chaînes de production qui ne sont plus alimentées. Les A320, les plus rentables, ont cessé de sortir des chaînes. Même si, compte-tenu de délais de livraison de plusieurs semaines après la sortie des chaînes, des retards peuvent se rattraper, les pertes sont chiffrées à plusieurs millions d’euros.
Vendredi matin, la direction, qui avait déclaré les négociations closes, a consenti à convoquer à nouveau les syndicats mardi après-midi. L’intersyndicale a décidé à l’unanimité d’appeler le personnel à reprendre le travail et à cesser de bloquer le "hall C40" à partir de 15H00.
Les syndicats, affichant une unité peu courante chez Airbus, demandent 3,5% d’augmentation de salaire en 2010, ainsi que des centaines d’embauches.
La direction a proposé jusqu’alors 1,9% de hausse et une prime d’intéressement d’environ 550 euros.
Elle a souligné qu’elle avait déjà relevé sa proposition de hausse salariale initiale (1,5%) lors de la dernière réunion avec les syndicats, le 23 avril. A ce moment-là, elle donnait aux syndicats jusqu’au 3 mai pour accepter, faute de quoi elle appliquerait unilatéralement l’augmentation de 1,5% proposée initialement. Elle laissait planer la menace d’une action en justice.
Mais direction et syndicats se sont gardés au cours de la semaine de fermer toutes les portes à la tractation.
Au sein de l’intersyndicale, certains semblaient disposés au compromis si la direction allait au-delà des 1,9% d’augmentation.
La direction proposera-t-elle davantage mardi ? "On évaluera les propositions de la direction et on se déterminera en fonction", a dit Jean-François Knepper, délégué Force Ouvrière, premier syndicat d’Airbus. "Forcément", les propositions de la direction seront supérieures à 1,9%, a-t-il dit, sans quoi elle ne convoquerait pas ses interlocuteurs sociaux.
Françoise Vallin (CGC) croit que "la direction a l’intention de conclure, et c’est nécessaire", étant donné le dommage "irresponsable" qui serait causé à Airbus si le conflit reprenait.
Dans une note à l’adresse du personnel, le vice-président chargé des Ressources humaines Thierry Baril relève la volonté de compromis des deux bords et le souhait de la direction d’une "sortie de crise acceptable par tous". Il dit aussi que la réunion de mardi sera la dernière.
Mme Vallin en accepte l’augure. La direction devra "se rapprocher" des positions syndicales et prendre des engagements fermes sur les salaires et les embauches, dit-elle. En attendant, "ce n’est pas parce qu’on cesse de bloquer qu’on baisse la pression".