Un rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a révélé que la pauvreté et les inégalités de niveau de vie ont augmenté en France.
Les conséquences de la crise 2008-2009 se précisent au fil du temps. On connaissait déjà les effets de cette crise sur l’activité (le PIB a reculé de 2,5% en 2009), sur les défaillances d’entreprises (65 000, un record en 2009) et sur les destructions d’emplois (élevées à 331 000 en 2009). Le dernier rapport publié par l’Insee ce jour nous éclaire un peu plus sur la situation de la pauvreté en France.
Le rapport annuel sur "Les revenus et le patrimoine de ménages" de l’Insee met en exergue la progression régulière de la pauvreté depuis 2008. Selon les informations relayées par Le Monde, les résultats publiés par l’Insee se basent sur les données réalisées en 2011 où le taux de pauvreté a augmenté de 0,3 point. Le rapport met également en avant qu’en 2011 la pauvreté touchait 8,7 millions de personnes (soit 14,3% de la population).
Un phénomène qui témoigne d’un élargissement de la pauvreté à un public jusqu’alors épargné, qui a été affecté par la dégradation du marché du travail. Cette hausse s’explique également par les difficultés croissantes rencontrées par les personnes pauvres pour sortir de l’état de pauvreté.
L’étude réalisée par l’Insee révèle en outre que les chômeurs sont les premières victimes de la crise. Leur taux de pauvreté est passé de 36,4% en 2007 à 40% en 2011, ce qui signifie que près de quatre chômeurs sur dix vivent sous le seuil de pauvreté monétaire. Les familles monoparentales font aussi partie de la population très vulnérable : 8% d’entre elles sont désormais sous le seuil de pauvreté.
Quant aux jeunes de moins de 30 ans, ils sont victimes de la précarisation du marché du travail. Selon l’Insee, même ceux qui occupent un emploi n’ont plus la garantie d’échapper à la pauvreté. Plus inquiétant, l’Insee met en exergue que les enfants, souvent issus de familles nombreuses ou monoparentales, sont les plus touchés par la misère. Près de 20% d’entre eux, soit un sur cinq, vivraient ainsi dans la pauvreté.
Plus concrètement, l’Insee considère qu’une personne vit dans la pauvreté à partir du moment où l’on a moins de 970 euros par mois pour vivre, et moins de 2 000 euros par mois pour un couple avec deux enfants. Selon toujours ce rapport annuel, la probabilité de rester pauvre est forte, deux pauvres sur trois en 2009 le restent en 2010. Les sorties de pauvreté sont en baisse et 30 % des personnes qui tombent dans la pauvreté y restent au moins trois ans.
Mais l’Institut ne veut pas dramatiser pour autant et relativise ces chiffres. "La France a un taux de pauvreté assez bas comparé aux autres pays de l’Union européenne, ce qui la rapproche des pays scandinaves ou des Pays-Bas" explique Jérôme Accardo, l’un des auteurs de l’étude.